dimanche 3 juin 2007
Things have gotta change
Par Jean-Jacques Birgé,
dimanche 3 juin 2007 à 00:00 :: Musique
Chaque long entretien avec Archie Shepp semble embrasser à la fois toute sa carrière et l'histoire du peuple afro-américain, à travers la musique et le jazz précisément. Pourtant, que ce soit pour notre Cours du Temps dans le numéro 13 des Allumés, pour l'édition spéciale que Jazz Magazine lui a consacrée le mois dernier (interview avec Christian Gauffre) à l'occasion de son 70ème anniversaire ou pour le film tourné par Franck Cassenti en 1983 qui vient enfin de sortir en dvd, les histoires qu'il raconte sont chaque fois différentes, révélant ainsi la profondeur du monsieur.
Fatigué des arnaques de producteurs indélicats, Archie Shepp sort Gemini, troisième album de son label Archieball, et double puisque The Reverse enregistré cette année est accompagné d'un Live à Souillac de 2002. Rien d'étonnant non plus à y trouver le rappeur Chuck D de Public Enemy, la révolte est plus nécessaire que jamais : sur toute la planète règnent l'international du profit à court terme et la cynique exploitation de l'homme par l'homme. À Souillac, il rencontre la chanteuse et pianiste Amina Claudine Myers pour un set bluesy, mais il ne dédaigne jamais hurler sa colère et murmurer sa détermination. Le sax et la voix de Shepp éructent ses soixante-dix balais, tandis que paraît en dvd le meilleur film de Frank Cassenti, Je suis jazz c'est ma vie, tourné en 83. Très beau livret avec photos de l'incontournable Guy Le Querrec commentées par Shepp et boni de concerts à Porquerolles.
Depuis Blasé et Poem for Malcolm, j'ai toujours été transporté par le timbre du ténor de Shepp. Je dois bien posséder une cinquantaine de disques. J'ai écouté et réécouté Montreux One, There's a Trumpet in My Soul, Attica Blues, Things have got to change... qui ne sont peut-être pas les plus courus. J'apprécie souvent le jazz (un mot que n'aime pas Shepp) lorsqu'il croise des musiques noires plus populaires comme le rhythm 'n blues ou le funk. Ainsi je suis fan de Roland Kirk, du New Grass d'Albert Ayler, mais aussi Miles Davis période Bitches Brew, Don Cherry...