Mardi soir, les éditions Gallimard, le CNRS et le Théâtre Mouffetard nous invitaient à une très sérieuse conférence de Bruno A. Bernard intitulée "La sagesse du poil", mais je commence par un a-parte sur le Théâtre Mouffetard où ma nièce Adriana Santini joue actuellement et jusqu'au 5 janvier, avec son père Pierre Santini, la pièce L'éducation de Rita qu'elle a adaptée de Willy Russell et passablement rajeunie. C'est à la fois drôle et prenant. On ne sait pas qui du père ou de la fille fait le plus beau cadeau à l'autre, comme du vieux professeur alcoolique et de la jeune coiffeuse qui souhaite avoir accès à la culture et à l'éducation, mais l'heure quarante passe comme une lettre à la poste, et s'annonce déjà comme un succès.


Un autre soir de la semaine, nous sommes donc allés entendre tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur le poil sans jamais oser le demander, essentiellement parce que Pierre-Oscar en était le metteur-en-scène, et là, nous avons été emballés par la démonstration. Passées les questions sur la couleur, la chute ou la localisation des poils sur notre corps, je vais tenter de me concentrer sur l'essentiel. Bruno Bernard a par hasard découvert que le bulbe pileux recelait des cellules souches qui permettraient d'en régénérer alors que jusqu'ici l'on était obligé de se servir de cellules embryonnaires qui ne sont pas sans poser de lourds problèmes d'éthique. Il suffirait donc de s'arracher quelques poils pour regénérer les cellules brûlées par les rayons et la chimio dans le cas de cancer, comme on pourrait fabriquer de la peau ou de l'os à partir de nos poils ! Il suffirait d'en prélever comme on prend ses empreintes digitales et de les conserver pour qu'en cas d'accident ou de maladie, on y ait recours, qui plus est, sans risque de rejet.
Pas la peine de se faire des cheveux, c'est automatique ! Il est très important de rappeler aux cancéreux qui perdent les leurs au cours d'une chimiothérapie qu'ils repousseront très bien après guérison. Petit détail, ils ne seront pas forcément comme avant. On est alors tout neuf, et il est possible que la nouvelle chevelure soit d'une autre texture et d'une autre couleur ! La raie peut changer de côté... Le bulbe pileux renfermant des cellules vitales pour l'organisme, l'épilation dite définitive (au laser) est à bânir, car elle porte atteinte à l'intégrité de l'individu et risquerait de lui faire perdre une source de regénérescence exceptionnelle.


Le savant professeur, responsable de la recherche sur la biologie du cheveu chez L’Oréal, impressionné par le nombre de caméras, n'a pas osé truffer sa conférence de jeux de mots farfelus comme il le fait parfois en digne membre du Collège de Pataphysique, mais on s'est tout de même bien poilés. On le voit ici dans une incarnation métaphorique de l'évolution des espèces qui ne manquait pas de piquant et dont Pierre-Oscar m'envoie la photo en hommage à notre propre lapin. Les scientifiques ont heureusement coutume de faire passer leurs exposés souvent ardus en les parsemant de quelques traits d'humour souvent plus éloquents que de lourdes démonstrations. Il est ici question de l'évolution par bonds et de l'équilibre indispensable entre l'ordre et le chaos !