Nuit et brouillard au Japon
Par Jean-Jacques Birgé, dimanche 24 août 2008 à 00:07 :: Cinéma & DVD :: #1051 :: rss
Le désespoir des militants les pousse au règlement de comptes. Chacun s'accuse ou se tait. Nagisa Oshima fait des aller et retours de 1960 à 1952, de la guerre de Corée au Traité de sécurité avec les États-Unis. Une scène, un plan. Et une prise ! Oshima ne filme qu'au moment où il sent que ses acteurs sont prêts et post-synchronise si des problèmes se présentent. Il garde parfois les hésitations. Les coupes de montage sont là pour se voir, autrement c'est le plan séquence. Les flous lui permettent de focaliser ailleurs l'attention du spectateur, le point insiste sur ce qu'il veut souligner. Les couleurs lugubres du cinémascope plongent les étudiants dans une boue intellectuelle où les doutes côtoient les dogmes. Nuit et brouillard au Japon (dvd Carlotta) est un grand film politique préfigurant La Chinoise de Godard des années plus tard. Il oppose le mariage de deux militants à ceux qui n'ont pas désarmé et s'obstinent à chercher une vérité inaccessible, devenue inutile. Les trotskystes s'opposent évidemment ici aux révisionnistes staliniens. Tourné en 1960 comme La Trilogie de la Jeunesse, le film, aussi sombre que les trois autres, ne laisse aucune échappatoire à ses protagonistes. Le cinéaste dresse le portrait d'une jeunesse bourgeoise, révoltée et incapable de surmonter ses contradictions. Le renoncement et l'obstination sont sur le même plan. Fatal.
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