samedi 18 octobre 2008
La taxe pique-nique
Par Jean-Jacques Birgé,
samedi 18 octobre 2008 à 18:24 :: Humeurs & opinions
Je croyais que Caro se fichait de moi, mais la taxe pique-nique n'était pas une de ses inventions taquines, mais celle, très sérieuse, du Ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, dont le nom rappelle celui des personnages des films de Jean-Pierre Mocky. "Un surcoût de 90 centimes sera appliqué aux produits non recyclables, comme les assiettes, les gobelets en carton ou les sacs en plastique." La taxe est donc perçue au kilo de vaisselle jetable et il est question de l'étendre aux sacs distribués aux caisses des magasins, aux briquets, rasoirs et adhésifs. Allez savoir maintenant si elle sera appliquée et comment, c'est comme toutes les mesures du gouvernement, les effets d'annonce comptent plus que les faits réels, ce qui parfois est assez dommage, et d'autres fois on l'a échappée belle...
On prétend pénaliser les producteurs et les consommateurs de déchets comme on moraliserait les banques. Quelle marrade ! On fait payer plutôt que changer les usages. On déforeste, on pollue, on souille, on brevète, on pasteurise, on faux-monnaye, on exploite, on assèche, on saigne, on canonne, on émet, on enterre, on gaze, on construit, on expulse, on reconduit à la frontière, et on taxe. L'impôt fait passer la pilule de l'absurde et du gâchis généralisé. Le droit de polluer n'est pas à la portée de n'importe qui, de n'importe quel État. Ce serait bête de s'en priver lorsque l'on en a les moyens.
"Les cons" fustigés par Jean Rochefort dans le film de Patrice Leconte, Tandem, vont encore raquer pour pouvoir se faire une petite bouffe en bordure de la route, à moins qu'ils boivent à la bouteille et jettent tout direct dans le bas fossé sans s'encombrer de sacs en plastique qui saliraient le paysage. Il est des pays où les champs de sacs en plastique bleu fleurissent à toutes les saisons. Les emballages à base de métal, les films plastique pour envelopper la barbaque dans les supermarchés, le polystyrène pour protéger les appareils ménagers, etc. seront-ils soumis aussi à taxe ? De son côté, avec les économies réalisées sur cette "taxe pique-nique", l'Élysée multipliera les cocktails dans de la vaisselle choisie et on y pètera dans la soie naturelle sans culpabilité mal placée d'avoir utilisé des produits de synthèse difficilement recyclables.
J'adorerais dîner avec les fonctionnaires qui ont pondu cette loi. Ce serait bigrement instructif.