dimanche 1 février 2009
Cinéphiles, passez votre chemin
Par Jean-Jacques Birgé,
dimanche 1 février 2009 à 01:35 :: Cinéma & DVD
Pour les fadas de l'achat en ligne petite revue de DVD et pour les adeptes des sorties en salles des notes très succinctes sur des films récents, essentiellement des blockbusters de l'industrie cinématographique américaine dont nombreux ne sont pas encore sortis en France. Cinéphiles, passez votre chemin, c'est l'industrie lourde pour les soirs où l'on a envie de faire le vide. Lot de consolation, deux coffrets DVD qui enchanteront les rats de cinémathèque :
- Touch of Evil (La soif du mal), édition définitive comportant trois versions du film d'Orson Welles, d'abord tel que sorti en 1958, une version améliorée de 1976 et enfin celle restaurée en 1998, le tout agrémenté d'une réplique du mémo de 58 pages que Welles rédigea à l'intention d'Universal lorsqu'il découvrit la version tronquée de 1958, plus les précieux commentaires de Charlton Heston, Janet Leigh, Rick Schmidlin, F.X. Feeney, Jonathan Rosenbaum, James Naremore selon les versions (2 DVD Zone 1 pour ce 50e anniversaire)...
- Coffret de cinq films mexicains de Luis Buñuel, pas encore vus, mais j'en garde un bon souvenir du temps de mes études à l'Idhec, mélodrames avec quelques clins d'œil du maître, très intéressants même si c'est sa période la moins excitante... Ce ne sont ni Los Olvidados, ni El ou L'ange exterminateur... Juste Le grand noceur, Don Quintin l'Amer, La montée au ciel, On a volé un tram, Le rio de la mort, je me réjouis néanmoins d'avoir rentré ces biscuits pour la fin de l'hiver !
- Le reste en cliquant sur la rubrique "Cinéma & DVD" dans la colonne de droite, puisque j'ai déjà évoqué les meilleurs...
Voici donc des blockbusters plus ou moins récents, en vrac et sans ne jamais rien révéler des scénarios, des fois que vous soyez tout de même tentés, malgré mes notes expéditives à l'emporte-pièce (une fois n'est pas coutume) :
- Slumdog Millionnaire, film anglais accumulant tout ce qu'il faut pour récolter une moisson de prix, mix de critique de mœurs, de trépidation moderne et de bouquet floral à la Bollywood, misère et épanouissement...
- The Reader (Le liseur), belle histoire, très tendre malgré son interrogation essentielle sur la barbarie. J'ai pleuré... Le film du britannique Stephen Daldry me rappelle un amour de jeunesse qui ne s'est heureusement pas terminé ainsi. Kate Winslet y est nettement plus intéressante que dans le film paresseux de Sam Mendes, Revolutionary Road (Les noces rebelles) avec Di Caprio, un genre de "Desesperate Housewife" aux ressorts trop attendus... L'un et l'autre ont valu à l'actrice un Golden Globe.
- Un autre joli film est The Secret Life of Bees (Le secret des abeilles) avec Queen Latifah, Alicia Keys et la jeune Dakota Falling. Dommage que, comme d'habitude, la musique mielleuse banalise les émotions qui n'en ont nullement besoin.
- Milk est l'intéressante biographie d'Harvey Milk, premier homme politique ouvertement gay à se faire élire en 1978, hélas assassiné, mais la réalisation est bien plan-plan pour du Gus van Sant. L'interprétation de Sean Penn est époustouflante.
- Gomorra, le film de l'italien Matteo Garrone est beaucoup mieux que je ne le craignais, à voir, oui oui, même si j'ai déjà tout oublié.
- Cloverfield, grande mode des films à gros budget simulant un tournage amateur tels Rec, des bouts de Redacted, etc. Bon film d'action, mais le scénario est quasi inexistant, style course poursuite et voilà ! J'aime bien le monstre.
- Gran Torino, le dernier film réalisé par Clint Eastwood, plein de bons sentiments sur le racisme, ça se laisse voir...
- Lakeview Terrace, aussi sur le racisme, film complètement raté de Neil LaBute, dommage, ça fait deux fois, on regrette tous ses premiers. Mieux vaut attendre Towelhead, premier long métrage d'Alan Ball, au moins ça laisse des traces !
- Doubt, poussif malgré de bons acteurs.
- Defiance (Les insurgés), style héroïque, un pan d'histoire ignoré, la Résistance juive dans une forêt en Biélorussie, un beau rôle pour Daniel Craig. Moins énervant que Spielberg.
- The Strange Case of Benjamin Button, le principe est intéressant, mais son application systèmatique accouche d'un bébé d'un conventionnel achevé. Si on aime Brad Pitt, il est nettement plus surprenant dans le dernier des frères Coen, la comédie Burn After Reading, très agréable divertissement qui raille avec humour et rebondissements les films d'espionnage.
- Pineapple Express, ça plaît beaucoup à la branche potache des Cahiers du Cinéma, mais cela me fait penser à du Wes Anderson. Quitte à évoquer les fumeurs de pétards je préfère la série Weeds dont je me suis pourtant vite lassé.
- Eagle Eye, film d'action dont le "plot" se résume à une phrase indépendante. La majorité de ces films sont du scenic railway (attachez vos ceintures).
- Taken : dès qu'une jeune fille américaine arrive à Paris elle est enlevée par une bande de gangsters albanais spécialisée dans la traite des blanches, c'est bien connu ! Film d'action français qui fait tout pour ressembler à un film américain, préjugés inclus à pisser de rire, peut-être pour faire plus américain ! C'est produit par Besson, c'est tout dire, creux à toucher le fond ! Enfin, c'est tout de même le lot de presque tous ces films... Idem pour le scénario pas crédible, car tous ces films où l'on tue des dizaines de personnes en pleine rue le sont-ils plus ?
- Au début de Mesrine, l'instinct de mort, j'ai pensé que ça allait être bien et puis j'ai déchanté. Ces films français qui copient les américains me font penser aux jazzmen de l'hexagone. Si c'est bien, c'est que ce n'est pas du jazz. Je préfère quand c'est "autre chose".
- Quitte à voir une grosse machine autant regarder The Dark Knight, ça ne pisse pas loin, mais ça rebondit et c'est vrai que le méchant clown Heath Ledger est génial.
- Miracle in Santa Anna, le dernier Spike Lee, est un film de guerre, ça peut se voir, mais comme d'habitude depuis longtemps trop démonstratif, on est si loin de Do The Right Thing...
- Pour les miracles, j'ai préféré le documentaire satirique Religulous de Larry Charles avec Bill Maher, ça part dans tous les sens, mais au moins j'ai bien rigolé. Cela m'a rappelé mon récent billet sur la collusion de l'Église et de l'État, en particulier aux USA.
- Je n'ai plus de souvenir de The Duchess, j'ai dû m'endormir. Je me suis réveillé pour Kurosawa, Demy, Rozier, Powell, Straub, Fuller, Varda, Sirk, Fleischer. Mais ce n'est pas le sujet.