lundi 2 février 2009
Sauvé par le gong ?
Par Jean-Jacques Birgé,
lundi 2 février 2009 à 00:17 :: Perso
Ces derniers temps, j'ai un petit peu de mal à honorer ma colonne quotidienne, et ni Morris ni mon fonds d'images en attente ne viennent à ma rescousse pour me souffler mon texte vertébral. Entre l'attente d'indien et la solitude du coureur de fond la marge est étroite. La musique me sauve, mais le geste instrumental est difficilement reproductible en blog. Chaque fois que nous jouions à Radio France nous empruntions le tam-tam symphonique au Pool de percussion situé alors au sous-sol. Bernard attaquait son mètre de diamètre à la mailloche ou à la super-ball pour produire un son grave à la hauteur indéterminée tandis que Francis jouait sur les gongs accordés et les cloches plaques. Point d'orgue. Je devrai attendre encore deux semaines avant de tester mon clavier de synthèse mêlé au gamelan de Sacha. D'impatience je piétine et d'imagination rivalise avec Nicolas pour préparer la rencontre triangulaire. Mon père possédait un petit gong qui devait probablement servir à appeler les domestiques dans les années 20, mais son son n'est pas très excitant. La fonction crée l'organe. Le clavier de pots de fleurs vertical inventé par Bernard au début des années 70 permet de jouer Big Ben, ses cloches tubulaires achetées chez Weber Métaux restent mes préférées et je ne sais plus où se trouve le clavier horizontal qu'il avait construit pour notre grand orchestre. J'aime la dureté du métal, faire claquer les volets, la tôle froissée, les limes à ongles, les timbres des assiettes en aluminium qui distordent la voix comme sous haute-tension, les guimbardes qui font saigner, les grelots attachés aux chevilles, les karkabas des danseurs gnaouïs, les steelbands, les bols tibétains rapportés de Bodnath, les lames de ma senza ikembé, les cordes frappées du grand piano, le carillon du sonneur et les funlins qui tintent dans le jardin pour faire masque au murmure de la ville... Le vent glacial me souffle mon billet. Pourtant mes oreilles gelées n'entendent que le couperet du temps qui scande les jours. Au delà du son qu'il produit lorsqu'on le martèle, ce gong ressemble à un panneau de signalisation routière dont j'ignore la signification. Coda interdite.