samedi 28 février 2009
L'invasion des climatiseurs en devanture
Par Jean-Jacques Birgé,
samedi 28 février 2009 à 08:49 :: Pratique
Depuis la canicule le syndrome des climatiseurs envahit progressivement la France, défigurant les façades de leurs verrues métalliques et bruyantes. S'ils n'ont pourtant pas été d'une grande utilité depuis l'alerte de l'été 2003, cela n'empêche pas les sociétés pollueuses qui les fabriquent ou les installent de fleurir comme des furoncles sur le dos de la peur. Le décret timide qui en réglemente l'usage, publié le 21 mars 2007 au Journal Officiel et en vigueur depuis le 1er juillet, recommande de n'utiliser ces systèmes de refroidissement qu'au-dessus de 26° pour en réduire la consommation d'énergie délirante, incitant à limiter ainsi l'émission des gaz à effet de serre et le réchauffement climatique qu'ils occasionnent. Trois véhicules neufs sur quatre en sont déjà équipés, augmentant considérablement la dépense d'énergie. EDF, dans un discours totalement cynique, espère que cette habitude va se propager aux habitations individuelles et collectives. Aux États-Unis, dans nombreux pays d'Asie, les rues en sont infestées, générant un bruit permanent tel qu'il empêche d'ouvrir les fenêtres si l'on pensait avoir le choix en créant un courant d'air. C'est ce bruit qui angoisse Françoise tandis que des installateurs sont en train de poser deux de ces maudits appareils sur le toit de l'entreprise qui surplombe le jardin et jouxte les fenêtres des chambres. D'autant que ces systèmes fonctionneront sans cesse puisqu'ils peuvent servir de chauffage le reste de l'année ! Elle exige déjà des taxis qui nous véhiculent d'arrêter l'air conditionné quand nous en empruntons. À New York, on attrape la crève l'été à pénétrer en tenue légère dans des bâtiments frigorifiés et l'hiver dans des lieux surchauffés alors que l'on est bien couverts. L'Agence Régionale de l'Environnement a publié un petit dossier instructif sur le sujet. L'automobile a défiguré les artères de nos villes, c'est au tour des climatiseurs de s'attaquer aux façades. La perversité du système, c'est que le pseudo confort qu'ils offrent (installation et consommation onéreuses) en rafraîchissant l'air intérieur fait monter la température extérieure, générant la demande de rafraîchissement intérieure ! L'air conditionné est donc une drogue nocive produisant une accoutumance dangereuse pour la santé, le porte-feuilles et la planète. J'imagine déjà une réplique pour saboter ce fléau comme Bourvil s'attaquait aux antennes de télévision dans La grande lessive de Jean-Pierre Mocky. "Caramba, encore raté !". Je crains de prêcher dans le désert, là où il n'y a aucun cerveau disponible à bourrer et où l'électricité n'a pas droit de cité. Si ça fulmine sous nos crânes, faudra-t-il encore s'habituer à vivre en face de l'absurde et du gâchis ?