lundi 16 mars 2009
Vide-grenier (1)
Par Jean-Jacques Birgé,
lundi 16 mars 2009 à 00:05 :: Pratique
On ne peut pas tout garder. J'aimerais parfois faire le vide. Dans une cassette qui ferme à clef, double paroi lourde comme une haltère, j'ai rassemblé des pièces de monnaie de tous les continents depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours passés. Sur le haut d'une armoire, j'ai empilé les albums de timbres que je collectionnais lorsque j'étais enfant, mais je n'ai pas le courage de me replonger dans le catalogue Yvert et Tellier pour ne pas me faire arnaquer. Connaissez-vous un philatéliste et un numismate à qui me fier pour une expertise ? J'ai récupéré chez ma mère des cartes postales éditées par Pulcinella en 1958 de dessinateurs humoristiques : Bellus, Busillet, Folon, Gad, Gielly, Gus, Hervé, Faizant, Kiraz, Moallic, Morez, Pouzet, Sempé, Tetsu. C'était Noël. Au classeur où elles sont exposées, au papier à lettres à en-tête des vielles dames de Faizant avec la liste des prix, je comprends que mon père était devenu représentant, après faillite suite à une grève de techniciens au Théâtre de l'Étoile pendant les représentations de l'opérette Nouvelle Orléans avec Sidney Bechet qu'il avait produite. Il mettra vingt-cinq ans à rembourser. Il y a quatre planches originales de Kiraz pour la revue Ici Paris et trois de Laplace. Je regarde ce que cela vaut sur eBay. Bien qu'en bon état, le Jeu de l'ORTF ne s'allume plus. Le journal Pilote s'étale du n°596 au 671 (1971-72). De la même époque, ma collection du magazine Zoom du 1 au 46 et un paquet de Photo. Qui peut bien s'intéresser à un tapuscrit de l'opérette Valets de cœur de Pascal Bastia ? Faites vos offres. On transmettra.
Il est nécessaire que je construise l'avenir au lieu d'entretenir le passé. Je dois me débarrasser de tous les livres que je ne relirai jamais. Idem pour les disques et les DVD plutôt que de construire de nouvelles étagères en recouvrant les murs restés vierges. Je suis bien obligé de conserver les archives du Drame et de mon travail. Garder seulement ce qui possède une réelle valeur affective ou bien une utilité encyclopédique. Je ne touche pas à Cocteau, Ramuz, Schnitzler, ni aux livres d'images, ni à la bibliothèque musicale qui est au rez-de-chaussée, ni à celle qui concerne le cinéma au premier. Jusqu'ici j'ai reculé devant le travail considérable que cela représente. Tout bazarder d'un coup serait idiot. On ne fait pas cela dans l'urgence à moins d'y être contraint. La roue tourne. Il faut oublier pour faire de la place aux idées neuves.