Ayant découvert The Hapiness of the Katakuris (Katakuri-ke no kōfuku), traduit en français La mélodie du malheur en référence au film de Robert Wise qu'il pastiche allègrement, je me jette sur la production hétéroclite de Takashi Miike. Le réalisateur japonais change de style d'un film à l'autre, et plus étonnamment à l'intérieur d'un même film, avec beaucoup de talent et un toupet rare, car il ne prépare que rarement le public à ses volte-face époustouflantes. Sacha m'avait bien averti du côté délirant de Miike, mais je ne m'attendais pas à tant d'invention et d'iconoclastie, animation et effets spéciaux à la clé !
La mélodie du malheur est une comédie musicale qui tient à la fois de Buñuel, du film d'horreur et du slapstick. La liberté de ton que le cinéaste se permet est rare dans le cinéma d'aujourd'hui et le mélange des genres n'est pas toujours apprécié de la critique. Plus connu pour ses films de yakuzas (trilogie Dead or Alive) ou gore (Audition), il signe aussi bien des films de science-fiction (Andromedia, Gods Puzzle) que le road-movie (même si la route laisse vite la place à la rivière) The Bird People in China dont le climat réalistico-poétique tranche avec les pétarades du western lamen Sukiyaki Western Django.


Ne manquez surtout pas celui-ci, en salle ou DVD, si vous aimez les films culte et inclassables qui secouent les neurones. Remake du coréen The Quiet Family de Kim Jee-woon, La mélodie du malheur rappelle aussi L'auberge rouge de Claude Autant-Lara, version nippone ! Les 70 films de Miike ne sont pourtant pas tous du même acabit, chacun y trouvant son bonheur selon ses goûts... Et pour les couleurs, Miike s'y entend !