Au détour de la donation Dubuffet au Musée des Arts Décoratifs, je tombe nez à nez avec le 96. Le métro n'était donc pas seul à passer Porte des Lilas dans les années 50 ! En remontant à la surface, le poinçonneur immortalisé par Gainsbourg aurait pu rencontrer le peintre, du moins les jours où le jaja pouvait partager le zinc avec l'eau minérale grande source. À la même époque, René Clair tourne Porte des Lilas avec Pierre Brasseur, Georges Brassens dans le rôle de L'Artiste, Henri Vidal, Dany Carrel, Raymond Bussières. On peut y voir les fortifications qui encerclaient Paris avant que le Périphérique ne les remplace. C'était le paradis des mômes et des mauvais garçons.
Lorsque j'étais enfant, il n'y avait pas de portillon automatique dans le métro, mais un employé de la RATP qui faisait un petit trou rond dans chaque ticket. Ceux de l'autobus étaient tout allongés, pliés en accordéon. Le receveur les glissait dans une boîte à manivelle attachée à sa ceinture qui faisait krrrr krrrr pour les oblitérer. Lorsqu'il pensait que tout le monde était monté il tirait sur une poignée de bois accrochée en l'air à une chaîne qui faisait dling ! Comme la plate-forme arrière était en plein vent et n'était fermée que par une autre chaîne gainée de cuir nous montions et sautions souvent en marche pendant que le préposé avait le dos tourné. Comme c'était l'unique accès, on pouvait descendre sans avoir besoin de traverser tout le couloir. J'adorais l'impression d'être sur un balcon sur roues. Si l'on supportait de voyager debout, c'était vraiment la meilleure place de l'autobus.