Le souffle et le geste est un magnifique trio réuni par la réalisatrice Mathilde Morières pour un court-métrage où se répondent astucieusement la peinture d'André-Pierre Arnal, la flûte zavrila de Jean Morières et la caméra. Cherchant des points d'accord entre les différentes disciplines, elle filme l'ombre à plat du musicien sur le mur en réponse au peintre du groupe Supports/Surfaces, puis semble capter le bruit trempé du pinceau ou laisse son objectif errer sur la toile. La musique hyper zen laisse le temps à la respiration, les gros plans des mains se répondent là où l'on ne les attend plus et les pistes de flûte de la coda rappellent les superpositions de papier découpé. Mathilde virevolte au milieu de ses plans rimés et l'absence de tout commentaire rend magnifiquement hommage à la création et à la rencontre des arts dans leur cousinage. Élégance et délicatesse se retrouvent dans un autre film, étonnamment court, intitulé avec justesse Un temps suspendu où cette fois la réalisatrice joue du flou pour capter l'inaccessible.