Comme je passais à bicyclette au-dessus du Périphérique, à un endroit où la frontière entre Paris et la banlieue est imperceptible, je m'arrêtai pour photographier un gazon beau comme un camion. J'en profitais pour féliciter ce qui semblait lui tenir lieu de propriétaire. Sa décoration très kitsch était digne du paysagiste dont les coordonnées s'affichaient sur la carrosserie. Je partage la même pelouse dans la salle de bain du premier étage et nul ne peut être dupe du cache-misère recouvrant le carrelage hideux d'origine. De même j'agrafai du canisse au plafond grâce à une gymnastique pénible qui demande le soutien d'un ou deux assistants pour tenir avec balais chaque extrémité du rouleau. Je terminai l'ensemble à la laque rouge vif, l'ensemble ressemblant à un truc innommable vert et rouge avec vissés de drôles de doigts en plastique sortant du mur comme des Cocteau cruels que Françoise avait en magasin.
Repassant le lendemain en mouillant ma chemise, quelle ne fut pas ma stupeur devant le chantier auquel s'attelaient quatre Tamouls décapant au cutter la végétation pourtant bien plantée ! Le pigeon sur le trottoir partageait mon angoisse devant l'eczéma du bolide customisé à rayures. Je repensais au chauffeur souriant de la veille qui accepta mes compliments sans broncher alors qu'il cachait derrière son dos le sécateur assassin. Que personne ne s'approche de ma baignoire, je mords.