Air Transat est une compagnie d'aviation low cost qui nous transporte à Montréal. Son nom ne vient pas d'une chaise longue. Les sièges étroits sont en skaï bleu nuit, mais pour dormir le lot couverture + oreiller est à 7 $ canadiens. Si vous préférez rester éveillé, ou comme moi qui dort rarement en avion, surtout en partant à 9h20 pour arriver à 10h45 heure locale. Les écouteurs sont facturés 2 $, soit 1,50 €, mais j'en ai trouvé deux paires sur le siège laissés par les précédents voyageurs. Déjà le Terminal 3 de Charles De Gaulle ressemblait à un grand hangar avec le minimum de confort (dont un café au goût salé !). Heureusement j'adopte la technique de Françoise en squattant une rangée de sièges vides avant décollage, ce qui nous laisse, à Antoine et moi, les coudées franches ! Prévoyant, j'ai également emporté dans mon sac d'ordinateur, un masque, des boules Quiès, un oreiller gonflable et un gilet chaud. La nuit précédente a été agitée, j'espérais piquer un petit somme en m'allongeant en chien de fusil sur les trois sièges. Mon insomnie pourrait découler de la capsule de mélatonine que j'ai gobée la veille. En en prenant une 24 heures avant et une à l'arrivée j'aide mon horloge biologique à se recaler. Le tout est d'adopter le rythme local lorsque l'on arrive sous une nouvelle latitude, ce qui consistera cette fois en une très longue journée vu les 6 heures de décalage après un peu plus de 7 heures de vol.
J'ai déjà vu le film. Je somnole. Le son est bon, mais c'est l'image qui m'ennuie. Un Koulechov en abîme. Au fur et à mesure qu'elle s'éloigne, son visage n'a plus la même expression. Comme pour avoir voulu faire bonne figure. Pourtant on peut être partout à la fois, sur tous les écrans du monde, on n'en est pas moins là...
Devant nous un groupe d'aveugles des deux sexes, excités comme des puces, passent tout le voyage à hurler des plaisanteries grivoises. Je me demande en quoi la négation "non-voyants" ou le restrictif "mal-moyant" est moins discriminatoire qu'une affirmation de sa différence. Leur sensibilité à l'espace de la cabine est surprenante. Plus étonnants, les flashs d'appareils photo qui partent de leurs sièges !?
Le temps de rejoindre Victoriaville, nous avons les crocs. Une faim de loup. Je mords le premier que j'attrape.