Le duo des chats de Michael Snow et Mani Mazinani
Par Jean-Jacques Birgé, mercredi 23 juin 2010 à 09:12 :: Musique :: #1764 :: rss
Dimanche à Kensington Market. Moins de vingt personnes assistent au duo de Cats (Octave Cat Synthesizers) de Michael Snow et Mani Mazinani. Pas de maffé pour ce soir. Le Ternaga African Bar a poussé les tables. Au premier étage la salle du restaurant sénégalais est réservée jusque fin août. L'entrée est gratuite. Dix jours après le vernissage de Solar Breath (Northern Caryatids) et Light Air, orchestré par Atom Egoyan, les deux artistes sont passés de la vidéo au duo de synthés analogiques. Ça miaule. Ça crache. Ça se fait les griffes. Ils possèdent le même instrument. En fermant les yeux, je repars quarante ans en arrière, quand je commençai à jouer du synthétiseur, un ARP 2600 que j'espère racheter si un salaire escompté se vérifie. L'improvisation, telle que je la conçois, exige d'anticiper les mouvements ; la composition instantanée s'édifie sur les leçons du passé et l'anticipation de l'avenir. Michael et Mani s'amusent comme des petits fous. Le concert est émouvant entre le vieux chat et le chaton persan dont les voix se croisent et nous caressent souvent dans le sens contraire à celui du poil. Ça fait rêver. L'esprit vagabonde.
En art, Antoine m'explique qu'une réalisation réussie valide le concept tandis que j'apprécie une œuvre au nombre d'interprétations qu'elle rend possibles. L'idée unique s'oppose à la polysémie. Godard disait que ce qui est important ce n'est pas le message, mais le regard. Comment accorder les deux ?
Dehors il y a plus de flics que de Torontais. À pied, à cheval ou en voiture, ils sillonnent la ville, la survolent en hélicoptères, érigent des barrières métalliques de plus de quatre mètres de haut, bloquent des rues, ils contrôlent, mais personne ne les prend au sérieux. Les Torontais, comme les Québécois, détestent le premier ministre canadien, le très conservateur Stephen Harper. Ce déploiement de force est-il le signe d'une faiblesse ? L'approche du G20 rend l'air irrespirable.
Je garde en tête le ronronnement des filtres résonnants et les feulements des oscillateurs de Michael et Mani. J'avais oublié un détail. Avant et après le show, Snow avait choisi du Jelly Roll Morton.
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