mercredi 2 février 2011
À l'horizon la Birmanie (2)
Par Jean-Jacques Birgé,
mercredi 2 février 2011 à 00:01 :: Voyage
il n'y a que quelques pas à faire dans le sable pour plonger dans l'Océan Indien. Par temps clair on peut apercevoir la Birmanie (Myanmar). Les grands bateaux ressemblent à des vaisseaux pirates faits de bric et de broc comme dans les élucubrations hollywoodiennes du cinéma australien. Ils pêchent les calamars de nuit avec de puissants projecteurs.
Après avoir traversé des plantations d'hévéas et de noix de cajou nous avons rejoint à pied la côte est. Des aigles de mer et de petits échassiers nous surveillent comme nous attaquons les pentes douces de l'étroit bitume qui sert de route aux scooters. En Thaïlande on roule à gauche. Sur l'île les automobiles sont interdites. Nous rentrons en taxi-mob à temps pour profiter du soleil rouge s'enfonçant sur l'horizon comme dans une boutonnière.
Je dévore L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon qu'Elsa m'a offert pour Noël. Nous sèmerons nos lectures au fur et à mesure sur notre route pour alléger nos bagages et faire de la place pour de nouveaux trésors. Françoise fait une cure de sommeil pendant que je me laisse aller à la rêverie annoncée. Hélas, à cent mètres, les sub-basses du bar psychédélique nous réveillent, techno allemande comme la plupart des touristes de cette île paradisiaque non répertoriée par le Routard. Nous préférons aller faire un tour pour voir ce qui se passe sur la plage à minuit plutôt que pester contre cette pollution nocturne.
Deux jeunes Thaïs font s'envoler des montgolfières de fortune en allumant un feu sous une haute lanterne de papier blanc. L'étoile incandescente brûle au large au-dessus des vaisseaux qui marquent une ligne d'horizon fictive comme la corde d'un arc formé par la baie que nous arpentons dans le noir. La nuit s'avérera agitée. Après les décibels de quatre débiles abrutis je surprends le gecko dans la salle de bain, souple comme un gros gant de toilette grisâtre qui fait autant de bruit que la veille, mais chaque fois trop brièvement, et une seule fois par nuit, pour que je parvienne à l'enregistrer. C'est ensuite autour d'un rongeur de faire la nouba au-dessus de nos têtes. Il grattera et rongera le plafond toute la nuit.
Le matin je plonge dans l'eau redevenue bleue pour chasser un cauchemar, reste de l'an passé et du temps exclusif où le travail occupait mes pensées. Le ciel fait la couleur de l'eau...