Certains saisonniers et retraités ont découvert le bon plan pour rendre leur vie plus agréable. Plutôt que de se morfondre sous la neige canadienne ou se geler sur les marchés ardèchois, ils émigrent en Asie quelques mois par an. Ils se rendent ainsi chaque année sur l'île de leurs rêves ou voyagent de pays en pays. Qu'ils rayonnent en Thaïlande ou découvrent Laos, Cambodge, Vietnam, ils passent de merveilleuses vacances moins cher que s'ils étaient restés chez eux. Internet les alerte des vols en promotion et les voilà partis pour une vingtaine d'euros en Malaisie, au Sri Lanka ou en Inde.
Un couple de Québécois sylviculteurs coupent leurs téléphone, électricité, assurance automobile, etc., ne conservant que leur loyer. Ils s'offrent un tiers de l'année au soleil, les doigts de pied en éventail et le sourire aux lèvres. De temps en temps des copains viennent les rejoindre pour partager la magie de ces paradis asiatiques. Ils s'extraient souvent des brutalités du monde médiatisé pour se retrouver entre eux et vivre des aventures uniques, alternant repos et découverte. D'autres, plus politisés, dévorent les livres d'histoire de la région et continuent à rêver d'un monde meilleur.


Ce régime de bananes n'a rien à voir avec celui des expatriés, qu'ils soient retraités à demeure ou actifs professionnellement. En Thaïlande il existe un visa spécial pour les seniors qui souhaitent y prendre leur retraite, mais y vivre en permanence pose maint problème d'intégration. Il devient nécessaire d'apprendre la langue, faute de quoi ils sont condamnés à ne se fréquenter qu'entre eux et nombreux craquent et reviennent en France au bout de quelques mois ou années. Les ressources culturelles de Chang Mai ne sont pas non plus celles de Bangkok. Au Cambodge, les expatriés que nous rencontrerons sont essentiellement des intervenants ONG, et là on croise toutes sortes d'individus, depuis les exploiteurs du charity business, sangsues que l'on peut tout de même évaluer à 60% de cette blanche occupation, jusqu'aux idéalistes militants qui espèrent heureusement soulager le fardeau de la population et militent activement pour former plutôt qu'assister...