Du dragon au scorpion il n'y a qu'un pas. Comme l'autoroute qui mène de Marseille à Nîmes. Ou du tape-cul nautique à la campagne languedocienne. Scotch avait su s'arranger des deux nouveaux chiens, des trois chevaux, des deux chattes dont l'une est la mère de Snow et l'autre la sœur de Scat, deux de mes ex-compagnons, mais Françoise ne trouva pas du tout à son goût le scorpion campant dans l'entrée à la nuit tombée. L'écrabouiller me crevait le cœur, comme un suicide collectif de ma propre espèce. La présence du bébé de Mathilde et des mammifères domestiques (canins) et domesticants (félins) me forçait à obtempérer. Le second euscorpius flavicaudis qui perchait au-dessus de notre lit dut subir le même sort à mon corps défendant. C'est la première fois que je vois cet animal quasi mythique (cf. ci-dessous la scène du bal masqué d'Arkadin d'Orson Welles) en France bien qu'il y en ait pas mal dans le sud.


Pendant des années j'ai conservé dans un tiroir le sérum emporté dans le désert marocain, périmé depuis belles lurettes. Comme un rempart à ma folie ou à mes mauvais penchants. But I can't help it: it's my character! On raconte tant de bêtises sur les tenants de ce signe que je me méfiais de moi-même, même si je me suis toujours bien entendu avec les natifs de novembre... Je possédais également un impressionnant spécimen inclus dans un cendrier de verre. Un jour à Marrakech un homme jouait avec l'un d'eux dans sa main. Il l'endormit dans sa paume, la rouvrit, le scorpion ne moufetait pas. Il souffla sur la bête qui se redressa d'un bond. Cette volte-face m'inspira plus d'une fois.