C'était le matin. J'avais encore le sourire. Nous étions un peu inquiets de l'heure de retard à l'aéroport Charles De Gaulle, craignant de rater notre correspondance à Stockholm. Arrivés là, personne au guichet d'embarquement pour rejoindre Tallinn. Sur le panneau d'affichage, écrit sur fond rouge "Prochaine information dans 30 minutes", mais le même message est répété toutes les demi-heures ! Jusqu'à ce que le vol de la compagnie estonienne disparaisse purement et simplement des écrans. Ça tournait mal…


D'odieuses tortues nous font poireauter debout pendant une heure et demie, tapant d'un doigt d'une seule main, prenant le temps d'un café, disparaissant régulièrement, ne donnant aucune information sur un éventuel autre vol alors que celui de la compagnie estonienne a été annulé sans aucune précision. Pas un mot d'excuse (redoutable sécheresse des hôtesses SAS, la compagnie d'aviation scandinave qui nous a déjà menés en bateau par le passé), pas la moindre compensation (quand je demande de bénéficier du même coupon repas que nos prédécesseurs dans la queue, la vieille pie me répond dix fois de suite "vous voulez rater votre avion ?" au lieu de me le tendre). Deux Chinois s'étonnent que les incapables n'aient pas déjà été déportées dans le Grand Nord. SAS nous fait tourner en bourrique. Dans le Boeing qui nous emmène à Oslo le plateau déverse sa crème sur ma veste, ma chemise et cet ordinateur où je passe mes nerfs. Pour une fois, nous sommes à l'avant de l'appareil, mais la sortie se fait exceptionnellement par l'arrière. Antoine tente d'enfiler son pull en gardant son sac en bandoulière, nous avalons des crevettes mayo avec un lance-pierre, mais le vol Oslo-Tallinn retarde à son tour. Dans ces moments il est appréciable d'être deux, et d'en rire. Nous aurons mis plus de douze heures pour rejoindre Tallinn qui est maximum à trois heures de Paris. Il faut toujours compter large lorsque l'on voyage pour le travail.

(Coucher de soleil sur Oslo)
Arrivés enfin au Kumu Art Museum nous installons nos lapins jusque très tard dans la nuit, alors que nous devons aujourd'hui enchaîner radio, télé et spectacle. Nabaz'mob joue également demain soir pour la clôture de Gateways organisé à l'initiative du Goethe Institut.