Malgré le bitumage absurde autour du tronc, le palmier continue de pousser. Je ne sais pas comment c'est possible, mais ses feuilles ne sont pas plus fanées que les autres arbres. Sur tout le bord de mer ils continuent de grandir et d'épaissir.

Pas question de se disperser ce matin après la prise de la Bastille par le Front de Gauche hier dimanche. En déplacement dans le sud, nous n'avons pu y être, mais j'ai apprécié les avantages de Twitter pour la première fois. Me souvenant de la révolution arabe, j'y ai tapé #Bastille et suivi l'après-midi en direct jusqu'au discours de Mélenchon en fin de parcours. Les messages courts tapés par les manifestants ont laissé la place à un lien vers la vidéo en temps réel sur BFMTV/DailyMotion.

La majorité des journalistes ne pourra pas continuer à ignorer l'intérêt grandissant pour le candidat du Front de Gauche. Dernier tour de passe-passe de la presse aux ordres : il y aurait eu beaucoup de curieux Place de la Bastille. Question : pourquoi les meetings Sarkozy et Hollande n'ont-ils pas suscité la même curiosité ?! Autour de nous, presque tous nos amis adhèrent à l'élan révolutionnaire, nous redonnant espoir à l'orée du printemps. La seule chance que nous ayons est de faire entendre sa voix. Beaucoup d'électeurs potentiels, abstentionnistes ou apeurés par un duel improbable Sarko-Le Pen, ignorent encore ses propositions. Depuis quarante ans la stratégie n'a apporté que déception et appauvrissement au détriment du débat idéologique.


Si j'étais d'origine maghrébine, si j'étais un travailleur gagnant moins de 20 000 euros par mois (ça laisse une marge !), si j'étais une femme voulant disposer de son corps, si j'étais homosexuel, si je voulais sauver ma planète, si je défendais la liberté d'Internet, si je fumais des pétards, si j'étais enseignant, si je désirais rendre à mon gouvernement son pouvoir, si je pensais que l'on peut donner l'exemple d'un monde plus juste et entraîner avec nous le reste de l'Europe, si je souhaitais prendre en main mon avenir, je n'hésiterais pas une seconde et je regarderais avec délectation les racines de l'arbre faire éclater le trottoir autour des allées Lumière ou avaler les panneaux absurdes de l'autre côté de la grille...