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Petit reportage sonore au Palais de Justice pour un film d'architecture en 3D. Je ne me souvenais pas avoir passé un portique anti-métaux à ma dernière visite. Je divorçais. C'est déjà loin. Vingt ans plus tôt, j'avais vu un Maghrébin prendre six mois pour le vol d'un litre de lait ou quelque chose comme ça. J'avais compris ce que voulaient dire les camarades par justice de classe. Aujourd'hui il faut justement que j'enregistre le son du portique, le bruit des paniers sur les cylindres, mais j'ai surtout besoin d'ambiances, de grands halls où résonnent les pas et où s'étouffent les murmures des avocats et de leurs clients.

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Dans la gigantesque salle des pas perdus, le long des couloirs interminables, aucun effet de manches, les robes vite repliées dans les serviettes contrastent avec l'inquiétude feutrée des convoqués. S'il n'est pas nécessaire de demander une autorisation pour y enregistrer, "c'est un espace public" m'en informe la directrice de la communication, il est par contre interdit de rapporter quoi que ce soit d'une audience même si elle est publique. Ni image, ni son : aucune autorisation ne peut être délivrée. Je devrai donc recréer certaines scènes avec des acteurs.
Le Palais de Justice est incroyablement grand, et pourtant il ne suffit pas puisque Renzo Piano en construira un nouveau sur la Zac Clichy-Batignolles dans le XVIIe arrondissement. De l'autre côté de la rue, l'ascenseur du parking qui nous ramène au troisième sous-sol nous parle d'une voix féminine impersonnelle comme dans les films de science-fiction terriblement datés. Chaque automatisme est commenté. Sous la pluie les touristes font sagement la queue pour visiter la Sainte-Chapelle.