Les derniers jours d'un projet multimédia sont toujours un moment stressant pour le développeur qui en a assuré la programmation. Là où les auteurs commencent à jouir de leur rêve qui a pris forme, l'ingénieur passe un temps peu créatif à chercher la petite bête qui fait planter la machine. Cette période où nous testons et faisons tester peut être longue, car le bug va parfois se nicher dans des recoins bien cachés. L'algorithme vicieux lui donnera du tourment jusqu'à ce que l'œuvre soit stable, le matheux étant seul devant son code.
Je me souviens de l'un d'eux avec qui j'ai longtemps travaillé qui pendant les dernières semaines ne mangeait plus, ne dormait plus, ne se lavait plus tant qu'il n'avait pas trouvé la solution de l'énigme. La compagne d'un autre m'appela un soir pour me demander de faire quelque chose car mon camarade faisait des cauchemars où, parlant éveillé, il marmonnait voir partout des crocodiles. Nicolas Buquet semble plus serein, mais c'est sur lui que repose maintenant l'édifice terrible que nous avons imaginé, cette Machine à rêves de Leonardo da Vinci. Il faut dire que, en plus des images fixes qui se superposent en transparence et des pistes sonores que l'on mixe en direct, quatre vidéos tournent simultanément à l'écran !
De notre côté nous nous excitons sur l'iPad, nous le maltraitons en gestes tétaniques, repassons cent fois l'œuvre en revue, tentant de reproduire les bugs épisodiques, alors que le propos de l'œuvre est la contemplation dans une découverte méditative où le jeu est de prendre son temps pour jouir du spectacle auquel chacun participera par sa propre interprétation.