lundi 22 avril 2013
Michel Musseau contre les spéculateurs
Par Jean-Jacques Birgé,
lundi 22 avril 2013 à 00:04 :: Musique
Michel Musseau a plus d'un tour dans son sac. Compositeur et comédien, il nous régale depuis longtemps de ses satires sur le monde moderne avec un humour ravageur tenant du dessin animé et de l'évocation radiophonique. Si son théâtre musical ne ressemble qu'à lui, sorte de Buster Keaton à la Gotlib que l'on imaginerait porter béret et baguette sous le bras, ses chœurs revendicatifs rappellent Luigi Nono, ses radiophonies hilarantes Pierre Dac et Frank Zappa, ses canons Francis Poulenc, ses arrangements Jean-Claude Vannier et son engagement Jean-Luc Mélenchon ! Je ne peux pas m'empêcher de réécouter régulièrement son album Sapiens Sapiens où officiait déjà l'inénarrable Élise Caron, rencontrée chez Luc Ferrari où tous deux ont fourbi leurs truculentes armes pendant une dizaine d'années.
Comme tous les comiques il est difficile d'imaginer plus sérieux, plus à cheval sur le moindre détail. Commande de la MPAA (Maison des Pratiques Artistiques Amateurs) créée en 2007, Bienvenue aux Paradis est une pièce vocale, instrumentale et radiophonique, méditation absurde sur la délinquance "phynancière", un rêve musical pour échapper à la fascination des grandes fortunes et du pillage planétaire. C'est dire si elle est d'actualité plus que jamais. Avec trois chœurs, hommes, femmes et enfants, un narrateur, un piano, un orgue et la percussion, plus trois radios, Musseau met la dialectique au service de sa cantate "phynancière". Au lyrisme rafraîchissant de la soixantaine d'acteurs amateurs réunis sur la scène de l'Auditorium Saint-Germain répondent les enregistrements cartoonesques des chenapans Musseau, Caron et leurs amis.
Nous avions le même âge lorsque nous vîmes le clown Albert Fratellini et tous deux sommes des fans du célèbre piano-jouet Michelsonne, sauf que Michel se fit dédicacer le livre Nous les Fratellini et qu'il possède 17 Michelsonne quand les deux miens sont un peu fatigués. De plus, j'envie son humour pince-sans-rire ; j'aimerais savoir aborder comme lui les sujets graves avec sa distance de clown triste. En 1993, il tenait le piano sur notre album Crasse-Tignasse. Alors, en attendant de trouver une nouvelle occasion de collaborer, nous nous contenterons d'aller manifester ensemble le 5 mai prochain !