Il y a des jours où l'on ne peut rien raconter parce que l'on ne peut rien dire. Projets en cours dont l'annonce est prématurée, la confiance interdit la confidence, la pluie donne envie de se lover sous la couette, la chaleur rejette le drap, l'impatience rompt le silence, et puis rien, un rien envahissant vous empêche d'écrire.
Il aura suffi d'un petit prout pour que la vie s'éveille. C'est ainsi que le travail a commencé. Soixante-dix jours après sa fugue, Gezi a accouché de trois jolis chatons. Le premier ressemble à Prince, un Félix réglisse menthe qui trônait sur le mur du jardin. Les deux autres seront tigrés comme le loubard insistant qui poussait de toutes ses forces sur la porte pour entrer chez la belle. L'accouchement réveille les questions de l'instinct. La poche que la mère ingère, le cordon coupé et les petits aussitôt en quête des tétons gorgés de colostrum. Gezi est incroyablement calme. Elle exige pourtant la présence d'Armagan qui joue les sage-femmes et Françoise filme aussi. Elle s'enquit de qui arrive et repart nourrir sa progéniture qui alterne manger et dormir. Tout comme nos vieux chats flemmards. On dirait trois petites souris, mais ce sont trois p'tits chats, trois p'tits chats, trois p'tits chats, chats, chats... Qui s'en iront déjà dans deux ou trois mois quand ils auront trouvé leurs nouveaux foyers d'accueil. Sur la photo ils n'ont que vingt-quatre heures. À raison de quinze grammes par jour ils vont se transformer à vue d'œil. Ils auront certainement la grâce et la finesse de leur maman, espiègles bestioles qui sauront rapidement apprivoiser leurs nouveaux serviteurs...