La Java jeudi soir. La plupart des spectateurs ont l'air d'être arrivés déjà éméchés. Nuit de pleine lune. Un type s'étale sur mes instruments. Un autre tapote la peau du rhombe. J'aurais dû m'installer un peu en retrait comme Bass Clef. Le Londonien se charge du premier set. Des samples barjos s'immiscent dans sa boîte à rythmes. Pas moyen de refermer le couvercle. J'enchaîne direct. Le solo me fait faire des pieds et des mains pour garder le rythme. J'envoie des stridences de dentiste pour attaquer les basses profondes à la tronçonneuse. Médusé, le public me colle pour comprendre ce que je fabrique. Ma version de la soirée est très différente de ce que vit la salle. On me raconte. Ils s'approchent dangereusement pour voir de quel chapeau je sors mes lapins blancs. Les leds du Tenori-on les plongent sous hypnose. La trompette sonne comme une clarinette basse. Les guimbardes sont rarement utilisées dans les soirées techno. Le reste garde son mystère. Au troisième set la température grimpe. Bass Clef m'a rejoint pour un duo d'enfer. Nous alternons les rôles sur un petit signe de tête. L'un tend la corde à linge, l'autre y pend des trucs incroyables. Le DJ The Husler terminera après le premier métro. J'aurai dormi deux heures. Le lendemain matin je dois remettre le studio en ordre de marche pour enregistrer tout le week-end. Le night-clubbing est aussi différent des concerts que les taxis qui font le service de nuit le sont à la journée. Personne dans la rue et un déchaînement monstrueux en sous-sol.