Déprime des lendemains de fête familiale, déclins et déclinaisons, quelle idée ai-je eu d'écouter les 100 disques considérés comme les meilleurs de l'année 2014 par Les Inrocks ?
Les clips sont sympas, mais la plupart des albums se ressemblent invariablement. La tendance rock british se maintient, revival sans conviction que les rythmes dansants ne peuvent camoufler. Variétés molles, qu'elles soient françaises ou "internationales". Le monomorphisme des Inrocks, qui furent il y a longtemps ouverts à toutes les musiques, se répand dans un flux popisant inconsistant, regroupement déprimant de clones branchés. Mais branchés sur quoi ? Qu'est-ce que cela raconte ? La complicité de la presse spécialisée avec une industrie en bout de course, incapable de se renouveler par manque d'ambition et de prises de risques, s'affiche sur les 10 pages du site Web des Inrocks.
Perdus au milieu de la foule, Scott Walker, Alt-J, Leonard Cohen, Shabazz Palaces, Dick Annegran surnagent, mais aucun de leurs albums de cette année ne sont néanmoins leurs meilleurs. Vagues frémissements avec Ghettoville de Actress ou Asiatisch de Fatima Al Qadiri, mais il n'y a pas de quoi se relever la nuit. Peut-être Wonder Where We Land de SBTRKT suffisamment divers pour me plaire? Les brouillons montages free de Flying Lotus (petit-neveu d'Alice Coltrane et John par alliance !) n'arrivent pas à la cheville de quantité d'inventions assimilées en France au jazz. Il existe forcément sous d'autres latitudes des rappeurs, des technos, des songwriters, des musiciens issus d'autres terroirs qui renouvellent les genres. Encéphalogramme plat. On oscille entre basses pompantes et nostalgies mielleuses. Les Inrocks évoquent par ci par là un mouvement transgenre, s'économisant d'aller voir du côté des musiques innommables, entendre que les vraies trouvailles obligent à fréquenter les sons sans se préoccuper du tiroir dans lequel les ranger. Les listes consanguines épuisent la veine artistique. On finit au marché du disque, un mouvement commercial comme les publicités qui s'affichent sous les 100 clips illustrant la sélection décriée. Les annonceurs font toujours la loi.
J'avais soif de découverte. Ma curiosité n'est pas satisfaite. Je reste sur ma faim. Un comble pour un lendemain de fête. Burp !