Sentiment de profonde injustice. La petite flamme des Allumés s'est éteinte cette nuit. Valérie Crinière avait un cœur d'or, il a cessé de battre. Se battre, elle en avait l'habitude, trop probablement et sur tous les fronts. C'était aussi sa force. La période de rémission de cinq ans était écoulée, mais le crabe n'a pas respecté le planning. Elle l'avait chassé, il est revenu par la fenêtre. C'est pourtant le sourire de Valérie que je préfère évoquer. Et les rires que nous piquions lorsque nous militions tous ensemble aux Allumés du Jazz. La photo a été prise lors d'un bouclage marathon du journal de l'association en 2007 avant que Val tombe malade. Elle tenait le secrétariat, mettait en page le Journal, s'occupait du site Internet, coordonnait les relations avec les labels, tenait le stand de disques dans les festivals avec Cécile... À cette époque je passais au moins une heure tous les matins à discuter des affaires courantes et à refaire le monde. Paris-Le Mans. Elle y avait sa famille, mais ses amis étaient partout. Nous sommes nombreux à qui elle va cruellement manquer. Ce n'est pas juste, c'est le cri que j'ai poussé lorsque j'ai appris son départ précipité pour l'hôpital la première fois. C'est le même qui m'étrangle aujourd'hui. Ce n'est pas juste. Mais on ne choisit pas. Il faudrait tout reprendre depuis le début. Mais on ne sait pas. On ne sait jamais rien.