vendredi 2 octobre 2015
Histoires du temps qui passe
Par Jean-Jacques Birgé,
vendredi 2 octobre 2015 à 08:16 :: Voyage
Nous sortons de l'eau qui semble plus chaude qu'en plein été. Françoise me dit que c'est la douceur de septembre sans se rendre compte que nous sommes déjà en octobre. Dans nos métiers il n'y a ni samedis ni dimanches, alors pourquoi connaitrions-nous le mois dans lequel nous sommes ? L'année est juste bonne à savoir pour les quelques chèques que nous signons. La plupart des gens de notre génération sont-ils seulement conscients que nous sommes depuis quinze ans au XXIe siècle ?
C'est la première fois que je prends une photo depuis l'autre côté de la villa des tours. Le matin les surfers s'en donnent à cœur joie tandis qu'au bord les vagues nous massent. Plus loin j'ai le choix entre les crever ou me laisser porter. Tout dépend de la phase où je les aborde. Le vent est tombé. Je remonte en maillot à bicyclette.
Ulysse se cache dans les broussailles pour dormir. Voilà donc ce qu'il fabrique à Paris lorsqu'il disparaît pendant des heures.
Le soir nous sommes allés au Lumière voir le dernier film de Paolo Sorrentino. J'ai du mal à comprendre l'agressivité de la critique branchée, que ce soit Libé ou Les Cahiers du Cinéma, contre ce cinéaste. Peut-être est-il à la fois trop moderne et baroque à la fois ? Youth est une réflexion philosophique sur la vie, l'âge, l'art, le cinéma, filmée avec beaucoup d'invention et de rigueur. Michael Caine, Harvey Keitel, Paul Dano, Jane Fonda, Rachel Weisz y sont formidables. L'univers concentrationnaire du somptueux hôtel pour riches suggère plus qu'il ne montre, alors qu'il expose quantité de sentiments, d'ambiguïtés et une dialectique qui souligne la poésie de la création. La musique de David Lang (co-fondateur de Bang On A Can) nous accompagne jusqu'à la fin du générique avec un Just qui rappelle le merveilleux Lost Objects tandis que la partition sonore recèle quelques passages mémorables dont un sublime concert champêtre. Youth ne dépare pas de la filmographie de Sorrentino. Si vous avez une bonne raison d'avoir détesté les précédents, n'y allez pas. Sinon, c'est du cinéma comme on ne sait plus beaucoup en faire !