mardi 20 mars 2018
Les misérables
Par Jean-Jacques Birgé,
mardi 20 mars 2018 à 07:30 :: Théâtre
La plongée dans les archives de mon père m'entraîne dans une aventure au delà de mes espérances. Cette découverte coïncide avec la naissance de mon petit-fils, un bébé évidemment très mignon. Le passé et l'avenir convergent dans une constellation de révélations bouleversantes. Ainsi mon inconscient travaille en tâche de fond sur le mode "un être de plus face au cosmos". Après avoir séquencé mon génome, j'ai commencé à faire pousser mon arbre généalogique, remontant jusqu'au XVIIe siècle. Certaines de mes lectures me renversent, car je n'imaginais pas le degré de violence subi par mon père, avant, pendant et après la guerre. Pas de surprise côté ADN, mais le site Filae m'entraîne dans une enquête quasi policière pour décrypter les origines de la famille. Les dossiers descendus du haut de l'armoire sont les plus troublants. Mon père y donne entre autres les détails de ses activités de résistance et des sévices servis par la Gestapo. Ma mère témoigne des graves difficultés financières dans lesquelles ils pataugeaient encore dans les années 60. Je comprends aussi pourquoi mon père me disait que la famille la plus importante est celle que l'on se crée plutôt que celle dont on hérite. Papa s'est fait arnaquer par plusieurs membres de la famille, d'un côté comme de l'autre. Heureusement il y aussi de bonnes personnes et je suis sidéré d'apprendre qu'un de mes cousins issu de germain est un vieux gauchiste. De plus sa fille, que je n'avais jamais rencontrée, fait des spectacles formidables destinés aux enfants.
Nous sommes donc allés à La Villette voir Les misérables que Karine Birgé et Marie Delhaye ont adapté du roman de Victor Hugo pour leur théâtre d’objets. Épique, romantique, héroïque, sensible et intelligente, leur mise en scène est destinée à tous les publics à partir de 9 ans. Les spectateurs sont fascinés par les figurines qu'elles manipulent au gré du conte. Les différences d'échelles accentuent l'effet poétique et leur table tournante et pivotante déchaîne les saynètes comme un tour de passe-passe où les aimants adhèrent à l'action. L'évocation de la Commune fait glisser la tragédie vers une insurrection nécessaire, clin d'œil à une actualité sociale toujours aussi inique. On en ressort avec une furieuse envie de changer le monde !
→ Compagnie Karyatides, en tournée (encore Garges-lés-Gonesse, Les Clayes sous Bois, Herve en Belgique, Cherbourg, Allonnes, Bayonne, Saint-Pierre-du-Mont, Arcachon, Kremlin-Bicêtre, Busan en Corée, etc.)