Je venais d'écrire mes petits articles sur la conjugaison des temps simultanés et sur le formatage lorsque Dana Diminescu me confia un petit livre de Hartmut Rosa intitulé Remède à l'accélaration. Le philosophe allemand, héritier de l'École de Francfort (Adorno, Fromm, Walter Benjamin, Marcuse...), oppose le concept de résonance à celui de l'aliénation. En cinq courts textes très faciles à lire, il interroge l'époque qui s'est emballée de façon extrêmement inquiétante et nous incite à nous ouvrir au monde et aux autres sans mysticisme aucun. Avec 10 thèses pour comprendre la modernité, il taille un costard au progrès qui nous condamne à aller de plus en plus vite "sans trouver le temps", à la compétition et à la consommation qui mènent au burn-out, au détachement ou à des formes extrêmes (surfeurs, dériveurs et terroristes). Ses Impressions d'un voyage en Chine traversent l'est et le centre de ce pays en comparant Shangaï, Wuhan et des villages du Huang Pi, manières paradoxales de vivre proche ou loin de ce qui se construit, disparaît ou se perpétue. Il revient sur la Naissance du concept de résonance évitant ainsi le fantôme de la liberté. Sa déambulation dans Paris évoquant Les voies de la résonance me confirment l'indispensable accord de l'horizontale, de la verticale et de la diagonale qui m'est particulièrement chère, toujours préoccupé à tisser des liens entre l'intime et l'universel ! De même Être chez soi à l'heure de la mondialisation m'oblige à interroger le grand écart entre la mobilité et le recentrement, là encore à la fois ours et explorateur, à considérer l'échelle sur laquelle nous choisissons de construire notre vie. Je repense à Bernard Vitet qui pouvait discuter du monde pendant des heures en analysant une simple boîte d'allumettes.

→ Hartmut Rosa, Remède à l'accélération, ed. Philosophie Magazine, 14€