Passés voir les amis sur leur péniche amarrée au Port de Neuilly-sur-Marne, nous avons fait une jolie balade dans le Parc départemental de la Haute-Île. Bien que ce soit dimanche il n'y avait pas un chat, mais heureusement des oiseaux, observables discrètement depuis des cabanes dotées d'ouvertures frontales et latérales. Nicolas nous ayant prêté sa longue-vue, nous avons pu admirer des hérons cendrés, des foulques macroules, des gallinules poules d'eau, de grands cormorans et un martin pêcheur. Il y avait évidemment quantité de mouettes rieuses et de canards colverts, de jolis papillons et quelques libellules. Une délicieuse ambiance de paix émanait du secteur inaccessible où paît un troupeau de moutons chargé de l'entretien. Un pont-levis empêche les promeneurs de pénétrer dans la zone occupée par les volatiles.
Quelle absurdité que de devoir aujourd'hui parquer la nature comme jadis les animaux dans les zoos ! Le bitume envahit la terre. Le ciel s'obscurcit. Là où l'homme passe la nature trépasse. Sera-ce un jour notre tour ? Parisien depuis des générations, chaque fois que je suis confronté à la nature, je ne peux m'empêcher de penser aux romans que Vercors lui a indirectement consacrés. Son regard critique lui a fait affubler l'espèce humaine du terme d'animaux dénaturés. L'autre moitié de son œuvre romanesque traite de la période de l'Occupation, mais toutes deux mériteraient d'être redécouvertes, alors que les lecteurs ne connaissent souvent que Le silence de la mer. C'est sans compter sa fabuleuse période graphique d'avant la guerre lorsqu'il signait de son vrai nom, Jean Bruller. Certains des dessins de cet homme exemplaire illustrent le disque Les bons contes font les bons amis d'Un Drame Musical Instantané.