Michel Portal cède au baroque
Par Jean-Jacques Birgé, mardi 23 février 2021 à 00:01 :: Musique :: #4698 :: rss
S'il est un endroit où Michel Portal excelle toujours, à 85 ans, faisant preuve d'une rare sensibilité, c'est bien en tant que clarinettiste classique et contemporain. Je me souviens du film de Jean-Louis Comolli où il donnait une leçon autour du concerto de Mozart, de son enregistrement de Domaines de Pierre Boulez ou d'œuvres de Brahms. À l'envers, citerai-je tout ce qu'il doit au jazz à commencer par le mythique concert du Unit à Châteauvallon en 1972 avec Bernard Vitet, Beb Guérin, Léon Francioli, Pierre Favre et Tamia, ou ses improvisations d'une exceptionnelle invention jusqu'à ce qu'il se laisse séduire par les sirènes afro-américaines ou aligne les musiques de films comme autant de trophées ? Jean Rochard, maître du label nato, et producteur, il y a quinze-vingt ans déjà, de quatre albums de Portal chez Universal, me suggère d'écouter Double, un disque que le clarinettiste vient d'enregistrer avec son comparse Paul Meyer qui joue et dirige l'Orchestre royal de chambre de Wallonie.
Je suis novice en ce qui concerne le baroque, mais Michel Portal semble avoir été conquis par cette musique qu'il ne connaissait pas particulièrement. Après le Concerto n°4 en si bémol majeur pour deux clarinettes de Carl Stamitz (1745-1801), le Concerto en ré mineur pour 2 chalumeaux et cordes et la sonate en mi mineur de Georg Philipp Telemann (1681-1767), il revient clairement au romantisme avec Herbstlied pour clarinette et quatuor à cordes de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893), arrangé par le compositeur contemporain Tōru Takemitsu. La sehnsucht convient mieux à mon caractère fleur bleue ! Même sentiment avec les Konzertstücke n°1 & 2 de Felix Mendelssohn (1809 - 1847), que leurs mouvements fassent écho à ma solitude qui n'a rien de splendide ou me laissent m'envoler dans une allégresse retrouvée. Les deux clarinettistes ferment le ban en laissant de côté l'orchestre, pour le duo en do majeur de Carl Philipp Emanuel Bach (1714 - 1788), montrant que le caméléon sait toujours aussi bien prendre la couleur de la muraille. L'Histoire de la musique se nourrit de ces va-et-vient. Le programme fait ainsi dialoguer ces vestiges par le truchement du présent, même si la musique baroque ne se joue plus de cette manière aujourd'hui, communiquant à nos âmes ses délicats vertiges.
→ Michel Portal, Paul Meyer et l'Orchestre royal de chambre de Wallonie, Double, CD Alpha/Outhere Music
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