Les disques du label hongrois BMC sont facilement reconnaissables graphiquement (László Huszár, hélas décédé en janvier / Greenroom), mais aussi par la qualité de la production, qu'elle aborde les nouveaux jazz qui n'en sont pas ou la musique contemporaine qui l'est autant que le reste. Le dernier en date, si l'on ne tient pas compte des deux beaux duos très attendus d'Aki Tanase et Daniel Erdmann et de Csaba Palotaï et Steve Arguëlles, est Drôle de dames, un trio masculin formé de Fabrice Martinez, Laurent Bardainne et Thomas de Pourquery. Le trompettiste, le sax ténor et l'altiste crooner, acoquinés dans le sextet Supersonic, mais ici sans sa section rythmique de choc, forment un trio ambient cosmique improvisant avec lyrisme à l'aide d'effets électroniques et du synthétiseur analogique de Bardainne. Ça plane pour eux. Ça plane pour nous. D'où probablement les jets tordus de la pochette qui se tournent autour en gros minets ronronnants. Côté rock Bardainne avait déjà initié les groupes Poni Hoax et Limousine. Côté jazz Martinez buglait à l'ONJ ou popisait au Sacre du Tympan. Quant à Thomas de Pourquery, adorant jouer les séducteurs glamour, il ne s'est jamais interdit aucun territoire, tant que ça file supersonique. Or ici les trois larrons prennent leur temps, l'espace de 41 minutes qui s'enchaînent comme un disque psychédélique de Pharoah Sanders, échos assumés au présent de leurs amours nostalgiques. Ces Drôles de dames m'ont donné terriblement envie de réécouter l'excitant chef d'œuvre de Supersonic jouant Sun Ra, même si, depuis, ils ont changé de psychotropes !

→ Fabrice Martinez, Laurent Bardainne et Thomas de Pourquery, Drôles de dames, BMC Records, dist. Socadisc, 10,90€ ou 14,99€ selon la provenance ! Sortie le 9 avril 2021.