S'il a le poids du diable, Eric Mingus est un éléphant dans un magasin de porcelaine avec des manières de chat. Le vinyle lui-même est rouge sang comme celui qui coule dans ses veines. Mingus n'est pas un pseudo, c'est le nom de son père, mon compositeur de jazz préféré, qui lui a donné le prénom d'un autre de mes héros. De sa voix de basse, sulfureuse, diabolique, le fils rend hommage aux chanteurs qui l'ont inspiré. J'ignore quel bluesman ou preacher il a rencontrés, mais, selon les chansons, je sens la présence de Jimi Hendrix, Screamin' Jay Hawkins, Marvin Gaye, Otis Redding, Captain Beefheart et d'autres anges du bizarre. Aucun des morceaux, dont il signe paroles et musique en jouant de tous les instruments, ne se ressemble. Les effets électroniques enracinent le drame dans sa brûlante actualité, mises en scène vocales renforçant les intrigues.


La pochette jaune d'où sort le Jack in the Box est de Nicolas Moog (le dessinateur du magnifique Underground) secondé par Florent Decornet, tandis que Lionel Martin et Raphaël Benoit coordonnaient le projet. C'est un disque magique. À chaque nouvelle écoute il révèle des beautés cachées.

→ Eric Mingus, The Devil's Weight, Ouch ! records, LP 24€ / CD 16€, sortie le 21 mai 2021