The Offer est un making off fictionnalisé de The Godfather, tournage vu sous l'angle de son jeune producteur, Al Ruddy. Regarder cette mini-série m'a donné envie de revoir les trois films de Francis Ford Coppola autour du Parrain, et en définitive je crois que j'ai préféré les coulisses à ce qui est considéré bizarrement comme un des chefs d'œuvre du 7e art. Le premier film (1972) vaut évidemment pour la présence de Marlon Brando dans le rôle titre et la paraphrase du film sur les États Unis. Le second (1974), au scénario plus inventif, est de loin le meilleur avec Al Pacino, excellent, tandis que le troisième (1990) s'empêtre dans la culpabilité catholique et la corruption vaticanesque. Quand je pense qu'on le compare à Citizen Kane pour son portrait de l'Amérique, je m'étonne. Mais ce pays et ses vassaux ont toujours besoin de rénover le mythe, de le perpétuer en conservant sa fascination pour son redoutablement efficace pouvoir machiste et violent.


The Offer échappe à ces poncifs. C'est un regard sur Hollywood, ses démêlés d'alors avec la Mafia (Joe Colombo joué par Giovanni Ribisi), les rapports hiérarchiques entre décideurs (Al Ruddy par Miles Teller, Robert Evans par Matthew Goode, Charles Bluhdorn par Burn Gorman, Barry Lapidus par Colin Hanks, Bettye McCartt par Juno Temple) et les doutes de ses créateurs, l'écrivain à succès Mario Puzo (Patrick Gallo) et Coppola (Dan Fogler). Je cite les rôles principaux tant l'interprétation est capitale dans ce genre de biopic où apparaissent des comédiens interprétant Brando, Pacino, Sinatra, Ali MacGraw, Diane Keaton, James Caan, Robert Duvall, Robert Redford, etc. The Offer, réalisé entre autres par Dexter Fletcher, est une intéressante plongée dans le monde du cinéma, tant son économie que ses techniques.


Simultanément, je suis avec tout de même plus d'intérêt la reprise de Irma Vep par Olivier Assayas, nouvelle adaptation en mini-série gigogne avec Alicia Vikander, Vincent Macaigne, Lars Eidinger, Jeanne Balibar, Vincent Lacoste, Hippolyte Girardot, Pascal Gregory... Le réalisateur mêle avec virtuosité les feuilletons originaux des Vampires de Feuillade avec Musidora en 1915, des références à son long métrage de 1996 qui m'avait déjà emballé, les nouvelles scènes et un faux making off. On se rapproche de La nuit américaine de Truffaut, remarquable évocation du cinéma, du film dans le film. Là où The Offer flirte avec le blockbuster, Irma Vep vise l'expérimental, tant dans la forme que dans le fond. L'interprétation de Macaigne, metteur en scène paumé, et Eidinger en junkie allumé (vu dans Sense8 ou Babylon Berlin) me happent particulièrement. Le montage fait le reste dans cette mise en scène aux émotions et pratiques branchées, typiques de notre époque.
Dans le cas de The Offer comme d'Irma Vep, surmonter les difficultés fait partie du processus créatif, sérendipité parfois plus créative que le confort espéré.