Ceux ou celles qui croient aux miracles savent que cela se travaille. Je m'attendais à passer un anniversaire capital, capital comme la peine, mais pas aussi fabuleux, fabuleux comme une fable. Les messages affluaient. Marie-Christine était passée m'offrir Sans lui de Sophie Calle, un recueil d'annonces matrimoniales de 1895 à 2017 glanées dans Le Chasseur Français pour la plupart, puis Meetic et Tinder pour les plus récents. La première partie s'adresse à Elles, la seconde à Eux. C'est à la fois drôle, pathétique et passionnant. Au début l'intérêt financier prévaut, dans des dimensions et sous des termes incroyables, à la fin c'est plus cru. Nous avons évoqué la soirée dédiée à Jean-Luc Godard où je jouerai de la Mascarade Machine avec Une femme est une femme remplaçant le flux radiophonique. C'est une rareté où le cinéaste raconte et commente l'histoire entrecoupée des musiques de Michel Legrand, chantées par Anna Karina. Et puis l'inattendu a sonné à ma porte, et ce n'était pas la police comme dans le film de Godard. La journée s'est emballée, absolument magique, pour finir chez mes voisins qui avaient préparé une petite fête me permettant d'oublier que j'avais perdu la tête et que je n'étais pas prêt de l'oublier... Miracle de la vie où rien n'arrive jamais comme on l'avait prévu, mais qui tient en haleine dans les moments de trouble. J'ai en tête un extrait de la radiophonie de la Mascarade Machine : "Miracle, l'image apparaît !". Des centaines de plans courts montés à la volée, je n'avais choisi que des sons qui font sens. Les mots s'étaient échappés.

Photo © Juliette Dupuy