Discographisme maison est la suite ou la version crade de Discographisme récréatif que Patrice Caillet avait publié il y a treize ans. Il s'est cette fois associé à Alan Courtis pour rassembler de nouvelles pochettes de disques customisées par leurs propriétaires. Comme le raconte très bien Arnaud Labelle-Rojoux dans la préface, ces œuvres brut de brut tiennent du graffiti. On crève les yeux, noirci les dents, ajoute une moustache, colle des boutons de rougeole. Il y a aussi de très beaux collages constructivistes, des déchirures à la Villeglé et des messages personnels, sans que jamais leurs auteurs aient pensé faire acte artistique. Feuilleter ces 190 pages est très inspirant, car passé le vernaculaire les gaucheries devraient suggérer des idées originales aux graphistes en mal d'idées neuves.
Quoi de plus satisfaisant que de faire du neuf avec du vieux ? Même si tout ce qu'on fabrique tient de cet adage. En effet, rien ne se perd, rien ne se crée. Démêlant l'Histoire officielle de l'inconscient intime ou collectif, le plus compliqué est de retrouver le chemin vers la source.
Ce livre de 20x20 cm est publié par l'éditeur Artderien qui s'intéresse particulièrement à la musique. On peut y trouver Unholy Movie de Vincent Epplay, Entre le majeur et l'annulaire de Claude Parle qui a aussi traduit De la technique : processus aléatoires sur platine de Maria Chàvez, Les chuchoteurs d'Olivier Bringer ou l'un de mes livres préférés, L’invention de Morel d’A. Bioy Casares... Sur leur site on trouvera même des vidéos étonnantes de Epplay ou Bringer, des illustrations, des Histoires de la nuit en audio, etc.

→ Patrice Caillet & Alan Courtis, Discographisme maison / Homemade Record Sleeves, ed. Artderien, 25€ (j'ai acheté le mien au Souffle Continu)