Les séries TV devenues légions, la qualité et l'originalité en prennent un coup face à la quantité que proposent les différentes chaînes. Si certaines font passer un bon moment, aucune de celles que j'ai visionnées récemment n'atteint le statut qu'eurent, par exemple, Le prisonnier, Twin Peaks, Six Feet Under, The Sopranos, The Wire, Rome, Mad Men, Fargo, Game of Thrones, Big Little Lies, Peaky Blinders, The Americans ou Le bureau des légendes, à savoir celles qu'on imagine avoir envie de revoir un jour. Ce ne sont pas toutes forcément mes préférées, mais elles ont marqué leur temps. J'ai un petit faible pour des séries moins connues comme Braindead, Happy, Watership Down, les versions originales anglaises de House of Cards ou Utopia. Comme toujours avec un "nouveau" medium, la rentabilité pousse au formatage et à la banalisation. Les épisodes des unes semblent les déclinaisons des autres. La mode des serial killers et des espions finit par me sortir par les trous de nez. Depuis la rentrée de septembre j'ai chroniqué dans cette colonne The Capture, Le temps des framboises, Hot Skull, Slow Horses, Le Seigneur de Bombay (Sacred Games), Dogs of Berlin, Don't Leave Me (Non mi lasciare), The Chestnut Man, Tokyo Vice, Les papillons noirs, The White Lotus, Octobre (Kastanjemanden), Le monde de demain sur lesquelles je ne reviendrai pas. Il s'agit donc cette fois d'un petit tour d'horizon des plus récentes.
Malgré les critiques dithyrambiques sur Esterno Notte, j'ai été extrêmement déçu par la série de Bellocchio dont j'avais beaucoup aimé Il Traditore ; des longueurs qui parlent peut-être aux Italiens, comme tout ce qui touche à leur catholicisme, mais c'est une analyse très pauvre des années de plomb (un atout, il est en accès libre sur Arte.tv comme The White Wall et surtout Blackport, fictions suédoise et islandaise sur fond social et politique). Par contre je partage leur ennui devant Extrapolations, la série qui dénonce/annonce les effets du réchauffement climatique ; rythme raplapla et l'épatante distribution mériterait un bon directeur d'acteurs.


J'ai heureusement apprécié le western anglais The English de Hugo Blick qui avait réalisé l'excellent The Honourable Woman ; scénario original, bonnes interprétations d'Emily Blunt et Chaske Spencer, références au modèle intelligemment utilisées.


Ou encore Daisy Jones and The Six, histoire d'un groupe de rock des années 70 miné, au faîte de sa gloire, par les coucheries et la drogue, inspirée par l'aventure de Fleetwood Mac. Love Me est la troisième mini-série qui m'a surpris, comédie dramatique australienne charmante sur la perte et la découverte d'un amour. Les deux saisons de l'italienne Nero a meta (Carlo & Malik) se laissent regarder si on apprécie les enquêtes policières genre Marleau ! Côté français, j'ai découvert L'agent immobilier qui m'avait échappé ; quatre épisodes totalement barrés, cette mini-série franco-belge ne plaira pas à tout le monde, mais Mathieu Amalric y est convaincant, et c'est amusant. L'affaire d'Outreau est bien menée, entre documentaire et fiction, si on s'intéresse aux évocations d'affaires célèbres. Pour revenir à l'immobilier, mais celui-là sélénique, la science-fiction rétro de Hello Tomorrow est intéressante, mais un peu répétitive, pas à la hauteur de l'énigmatique Severance. La british A Spy Among Friends est pas mal dans sa description quotidienne du milieu de l'espionnage. La troisième saison de Happy Valley conclut laborieusement la série. Il faut attendre le troisième épisode des quatre qui composent la comédie dramatique policière australienne The Unusual Suspects pour que l'intrigue se mette en place. La série Loki se tient mieux que beaucoup de Marvel récents. Il ne suffit pas de se reposer sur un bon scénario et de bons comédiens, le traitement cinématographique est primordial pour trouver grâce à mes yeux, et à mes oreilles dans les rares cas où le son est pensé autrement qu'en appui.


Je reviens sur Blackport, série entamée au début de la rédaction de cet article et excellente surprise. Les 8 épisodes (en accès libre sur Arte.tv) s'appuient sur des faits réels pour une comédie noire (aussi trash que drôle) où les mécanismes sociaux-politiques sont remarquablement traités. Les réalisateurs Gísli Örn Garðarsson et Björn Hlynur Haraldsson, qui viennent du théâtre comme Nína Dögg Filippusdóttir qui tient le rôle principal (et qu'on avait déjà admirés dans Trapped), jouent deux des trois rôles principaux et tous les comédiens sont exceptionnels de véracité. Après le long métrage Woman At War que j'avais adoré, il est intéressant de surveiller ce qui vient d'Islande, des scénarios originaux critiquant intelligemment les ressorts du capitalisme tout en créant des spectacles divertissants.
A part cela, le suspense de Rabbit Hole commence bien ! J'arrête là, parce que j'ai vraiment autre chose à faire qu'à me noyer dans le binge-watching. En cas d'overdose, reportez-vous aux articles de mes autres rubriques !