jeudi 10 août 2023
Aspergirl, Nicole Ferroni toujours drôle
Par Jean-Jacques Birgé,
jeudi 10 août 2023 à 00:02 :: Cinéma & DVD
Je ris de moins en moins au cinéma. Pleurer m'est beaucoup plus facile. Est-ce moi qui ai changé, l'époque qui ne s'y prête pas, l'humour lourdingue que je ne partage pas, sans parler du comique de répétition qui m'a toujours ennuyé ? Mais voilà, il y avait longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Pas tant, mais suffisamment pour que je le remarque. J'ai donc regardé Aspergirl, mini-série franco-belge de 10 courts épisodes, créée par Judith Godinot et Hadrien Cousin, sur une idée originale de Sophie Talneau, réalisée par Lola Roqueplo, avec Nicole Ferroni et le jeune Carel Brown. Le sujet, l'autisme féminin, est grave, mais c'est le propre du rire de s'attaquer à ce qui pourrait faire souffrir et que les humoristes retournent comme un gant.
Je me souviens de Michèle, alors psychologue, entourée d'handicapés mentaux absolument adorables, écroulée d'un rire communicatif, alors que nous nous promenions dans la forêt avec eux et des dizaines de gallinacés plus étonnants les uns que les autres ; elle avait réussi à me faire accepter les trisomiques qui m'angoissaient jusque là. Oui, je sais, l'autisme n'est pas une maladie, c'est un handicap, caractérisé entre autres, malgré cela, par une inadaptation à la normalité sociale. Combien d'Aspergers qui s'ignorent parmi les artistes ! J'imagine que vivre avec une fille comme celle qu'interprète Nicole Ferroni ne doit pas être de tout repos, mais au moins on ne s'ennuie pas. Les scénaristes, avec l'aide de la psychologue Julie Dachez, elle-même diagnostiquée Asperger, ont bien étudié l'autisme avant de se lancer. Il y a quelques lourdeurs, mais dans l'ensemble Aspergirl fait bonne figure dans la comédie française, et d'un point de vue pédagogique cette série a son utilité, comme récemment En thérapie.