[...] Félicie Bazelaire qualifie sa musique de minimaliste (c'est aussi le terme dont j'ai affublé celle de Paul Jarret). Tendance actuelle. J'entends une sorte de drone pulsionnel. C'est très beau, quasi méditatif. Le sang circule dans les ventricules. Ça bat comme une reine, des abeilles en harmoniques. Elle décrit très bien son album : "Félicie Bazelaire a tiré de son monde sonore intérieur un paysage doux-amer. Atteinte d’otospongiose, maladie des os de l’oreille, Félicie Bazelaire capte en elle des sonorités intra-corporelles : les battements de son cœur, sa fréquence artérielle, des acouphènes pulsatiles et des bourdonnements. Félicie Bazelaire a apprivoisé cette maladie bénigne mais gênante en considérant ces sonorités comme des sons musicaux. Après les avoir écoutés, retranscrits puis adaptés à la contrebasse, elle les a organisés en une musique polyphonique contemplative où rythmiques organiques et harmonies perçantes cohabitent." Ce Voyage fantastique dans le corps humain est digne de Richard Fleischer. Mais si je me fis aux capitales du titre, le programme OTOS (Observation de la Terre Optique Super-résolue) prépare les satellites spatiaux de future génération pour l’observation de la Terre et la Défense. In Out. Proche et loin. Une maladie bénigne ? Question de repères. Nous vibrons fondamentalement en sympathie sur les deux faces du vinyle. J'écoute fort. Les murs de la maison tremblent comme au départ d'une fusée, un cocon nous enveloppe jusqu'à ce que l'aiguille arrive au bout du sillon. Nous sommes vivants.

→ Félicie Bazelaire, OTOS, LP nunc 20€ (10€ en numérique)