Dimanche matin 5h. Plus d'eau aux robinets. J'appelle la nouvelle régie Est Ensemble qui s'occupe de Bagnolet. Entre temps je vois que ça coule à flots depuis le mur de mes voisins d'en face. À 8h la connexion est rétablie. Le technicien avait fermé par mégarde la vanne qui m'alimente. Cela tombe bien, cet après-midi trente personnes viennent assister à la première d'Apéro Labo, concert au studio GRRR avec Antonin-Tri Hoang et Mathias Lévy. Mauvaise pioche. L'eau a envahi le salon de mes voisins en passant sous leur mur. Ils auront passé la nuit et la journée à écoper. Évidemment les ouvriers doivent couper l'eau pour réparer. On frôle la catastrophe, car cela se passe pendant le magnifique concert que nous enregistrons en vue d'un nouvel album. J'ai préparé à boire et à manger pour fêter cela avec nos convives, du beau monde, et il n'y a pas d'eau à la maison. J'ai heureusement rempli des casseroles, des arrosoirs, des seaux. Personne ne s'aperçoit de rien. Mathias, terrassé par une grippe sauvage, a filé aussitôt la fin de notre prestation. Nos invités s'épanchent autour du buffet. Antonin avait conçu un dispositif astucieux : ayant préparé une playlist de cinq heures, il faisait écouter au casque une minute prise au hasard à l'un ou l'une des spectateurs/trices, libre à lui ou elle de raconter ce qu'il a écouté sans employer de termes musicaux ; nos compositions instantanées consistent à interpréter ces descriptions souvent drôles et poétiques...


Pendant ce temps les équipes de terrassiers se relaient, défonçant le trottoir devant chez nous pour trouver la fuite. L'équipe de nuit s'escrime au marteau-piqueur. Une autre les relève au petit matin. Les tuyaux en fonte qui sont enfouis à 1,10m de la surface ont peut-être une centaine d'années. Le passage des poids lourds dans la rue finit par les fendre et le gel a fait éclater l'un d'eux. Ce n'est pas la première fois. Je me souviens d'un geyser qui avait surgi il y a quelques années devant la porte du garage, à trois mètres du nouveau sinistre. Ce n'est pas simple pour les gars qui creusent, car des canalisations de gaz passent à proximité. Une autre année, un geyser de flamme avait jailli à dix mètres de haut. Très impressionnant et plus angoissant que cette inondation. Tout le quartier est sans eau, et la plupart des riverains n'ont pas été prévenus. C'est étrange qu'il n'y ait pas moyen de le faire. En attendant la remise en eau, je range le studio et les restes de nos agapes. Il reste à tirer les conclusions de cette première, très réussie, pour aborder le prochain Apéro Labo en connaissance de cause. Ce sera le 18 février avec Fanny Meteier au tuba et Maëlle Desbrosses à l'alto. La jauge est limitée, mais on peut m'écrire si l'on souhaite venir (avec certitude), je confirmerai (ou infirmerai) les invitations.