70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 25 juin 2024

Brigitte Fontaine, 85 ans


Brigitte on t'aime. 85 ans déjà. La première fois que je t'ai rencontrée, c'était au festival de Biot-Valbonne il y a plus d'un demi-siècle, tu étais avec le bassiste Earl Freeman. Après il y eut la battue dans les bois à La Borde. J'étais très jeune, ce sont des évènements qui marquent. Et d'autres fois, grâce à Bernard. La dernière, c'était à l'occasion de Amore 529 que tu as cosigné avec Un Drame Musical Instantané et qui figure au début de notre album Opération Blow Up (index 2). La seule chanson que tu aies enregistrée en 1992, année charnière pour toi, juste avant ton glorieux come-back. Heureusement il y avait le Japon qui ne t'avait jamais oubliée. Et Bernard Vitet, jouant de la trompette comme il le fit souvent sur tes chansons. Du temps de Comme à la radio il avait remplacé Lester Bowie pour les tournées. Plus tard je vous ai entendus avec Moustaki, Areski, Rykiel... C'était avant. Tu avais annulé notre premier rendez-vous parce qu'il y avait de l'orage, tu t'étais cachée à la cave. J'avais préparé quelque chose de très délicat pour accompagner tes paroles, mais en arrivant au Studio GRRR tu nous as déclaré qu'il n'y avait plus que le rock qui t'animait. Je vous ai envoyés, Bernard et toi à la cuisine, et j'ai reprogrammé les machines pour faire un truc qui te plaise. Quelques années plus tard, pour le nouvel album du Drame intitulé Machiavel, Steve Arguëlles a remixé notre morceau avec toi sous le titre Nusch (index 7). Il avait écrit : "magie amoureuse, paradoxe temporel". Cela convient très bien à l'image que j'ai gardée de toi, quand nous étions à la brasserie en face de ton appartement sur l'île. J'écoutais tes disques à la radio lorsque j'étais minot, avec ceux de Colette Magny et de Catherine Ribeiro, mes trois Grâces ! Je n'ai jamais cessé. Il paraît que tu en prépares un nouveau. Je suis impatient. Joyeux anniversaire !

Un autre point de vue


Ayant annoncé que photos et vidéos étaient autorisées pendant notre prestation, contrairement aux usages actuels, nos invités s'en sont donnés à cœur joie et nous recevons sans cesse de nouvelles contributions, autant de points de vue différents pour un spectacle que l'on peut qualifier d'immersif, même si ce sont les interprètes (Didier Silhol, Cléo Laigret et myself) qui sont dans le bain tandis que le public est assis partout autour... Celle-ci est de Benoit Thiebergien !
Je regarde les vidéos pour savoir si je peux en mettre une ou deux en ligne 😎

Garden Party au Studio GRRR


Pas d'album en ligne cette fois-ci. Je remplace la musique par des photos. Nos invités ont filmé certains passages, mais il aurait fallu monter tout cela, et je ne peux me contenter d'à peu-près alors que les enregistrements audio habituels sont superbes. Mon exigence cinématographique me renverra au souvenir. Souvenir d'une après-midi exceptionnelle, le premier véritable jour de l'été. Tout le monde était forcément de bonne humeur. On a même dû distribuer des chapeaux à cause du soleil. Il n'y a jamais eu autant de monde à mes Apéro Labo. Le jardin est évidemment plus spacieux que le studio où se tiendront les prochaines séances, le 8 septembre avec la violoniste Fabiana Striffler et un/e autre invité/e, le 13 octobre avec la clarinettiste Hélène Duret et le pianiste Alexandre Saada. Nous avions disséminé des fauteuils confortables partout où c'était possible. Toutes les places étaient bonnes, question de point de vue, et à l'entr'acte j'ai suggéré que nos invités échangent leurs sièges. C'était drôle, on aurait dit le jeu des chaises musicales. Le beau temps justifiait donc que mes acolytes soient cette fois deux danseurs de contact-improvisation, Didier Silhol et Cléo Laigret...


Je leur avais aménagé la terrasse ainsi qu'un couloir en L qui leur permettait d'évoluer au milieu du public. De mon côté, ou plutôt de mes côtés, j'avais disposé des instruments à des endroits variés. J'avais caché tout un matériel de percussion dans la cabine du sauna, posé le guide-chant et l'ampli sans fil du Tenori-on sur le compost, installé la shahi-baaja à la fenêtre du studio, je pouvais m'assoir sur l'ampli où était branché le Terra ou jouer en aveugle avec les synthés du studio. Et puis le grand rhombe, la flûte, la trompette à anche, les percussions, etcétéra me permettaient d'évoluer aux côtés des danseurs.


Didier Silhol est un ami de quarante ans. Nous ne nous produisons pas souvent ensemble, mais c'est toujours un immense plaisir de confronter les improvisations musicale et chorégraphique. Il faut bien dire que le "contact" s'accommode de tous les espaces comme je me sens à l'aise dans toutes les situations, tant que le rendu sonore est à la mesure de mes élucubrations.


Comme je demande chaque fois aux spectateurs de choisir les sujets ou titres de nos pièces, je leur ai imposé le thème du jardin. Nous avons ainsi eu droit à Arrosoir, Chevelu (comme le palmier), Brindilles, Tracteur, Coquelicot, Bûche et Radis.


Après une heure trente de spectacle nous, tous et toutes, nous sommes retrouvés devant le buffet. Didier avait préparé du tarama, Cléo un tartare d'algues et de l'houmous, et moi un caviar d'aubergine dont la couleur verte était donnée par l'importance du persil. Nos invités avaient également apporté de délicieuses victuailles que nous avons arrosé de vin rouge, vin blanc, bière, morito, jus de pomme et eau, parce que l'eau c'est très bon aussi, en tout cas moi j'adore ça autant que les alcools.


Comme à chaque Apéro Labo la convivialité est maîtresse. Nous jouons comme si nous étions en famille. De même que chaque jour je cherche à reproduire l'émotion de mes quinze ans lorsque seule la passion nous guidait, de même je souhaite communiquer à mes invités cette joie de vivre que le métier, les habitudes, les conventions, les nécessités ont tendance à nous faire oublier.

Photos de Dominique Greussay, Martin Meissonnier, Christiane Louis, Sonia Cruchon