70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 1 juillet 2024

Quand sonne le glas


À tou/te/s les ami/e/s qui sont catastrophé/e/s par les résultats du premier tour des élections législatives, je réponds que la résistance sera à la taille de l'agression. Face au dézingage du public (santé, éducation, culture, information, etc.), si le RN devient majoritaire, nous nous organiserons. Pour celles et ceux qui voient la Bête se réveiller, je leur rappellerai que les résistants n'étaient pas nombreux à s'y affronter. Certes, les ravages risquent d'être considérables auprès de certaines populations ou secteurs professionnels, mais cela n'aura qu'un temps. La vie n'est pas faite que de bonnes nouvelles, mais elles succèdent toujours aux mauvaises. La réciproque est vraie aussi hélas. L'histoire est faite de fosses et de crêtes. Je suis plus inquiet par l'état de la planète que par la politique des nazes qui risquent d'arriver au pouvoir si nous n'arrivons pas à mobiliser le maximum de citoyens. Évidemment les choses sont plus complexes qu'exposées par ces quelques mots. Ici aujourd'hui les fachos sont plus dangereux que les stals ! Quel est l'intérêt des banques ? De quoi le Capital se contentera-t-il le mieux ? Quelle union est possible quand les élections ressemblent surtout au marché de l'emploi ? La problème n'est-il pas constitutionnel et sociétal ? Quelle démocratie cautionnons-nous ? Jusqu'où porte notre altruisme ? Quelles sont les limites de nos frontières, de nos frontières mentales car ce sont elles qui brident notre analyse ? La boule de cristal reste opaque. Tout est possible, le pire comme le meilleur, mais ne baissons jamais les bras face à l'imbécilité criminelle et suicidaire que génèrent le profit et la manipulation de masse.

Illustration de Jannis Kounellis

L'Intercommunal Free Dance Music Orchestra de François Tusques


Il fut un temps, peut-être même à l'origine, où le free jazz était une musique festive. Cette référence à l'origine est d'autant plus juste que François Tusques fonda le premier groupe de free jazz en France en 1965 avec Bernard Vitet, Michel Portal, François Jeanneau, Beb Guérin et Charles Saudrais. Innovateur invétéré, en 1971 avec son Intercommunal Free Dance Music Orchestra, Tusques inventa aussi la world music, du moins en France. Après avoir publié deux albums solo du pianiste intitulé Dazibao il y a deux ans, le label Souffle Continu réédite deux disques particulièrement jouissifs, L'inter communal (1978, mais enregistré à partir de 76) et Le musichien (1983, mais enregistré en 81-82). C'était encore l'époque où en Amérique du Sud, en Afrique, en Bretagne ou aux États Unis on rêvait d'émancipation. Alors se fabriquaient des musiques fondamentalement utopiques, joyeuses à vivre, libres de danser. Le free n'était pas encore tombé aux mains de musiciens radicaux interdisant les rythmes répétitifs et les mélodies tonales. Et s'ils étaient déjà à l'œuvre, la résistance était forte, défendue par des acteurs légitimes. Cela n'empêchait pas pour autant ceux-ci de s'affranchir des "bons" usages.
Dans L'inter communal le groupe est formé du chanteur catalan Carlos Andreu, du trompettiste occitan Michel Marre, du tromboniste togolais Adolf Winkler, du saxophoniste guinéen Jo Maka, du percussionniste gabonais Sam Ateba, du bassiste breton Tanguy Le Doré, des sonneurs Jean Louis Le Vallégant et Philippe Le Strat aux bombardes, de Jean Mereu à la trompette, etc. Quant à Tusques, je crois me souvenir que Bernard Vitet, qui joue merveilleusement de la trompette dans Le Musichien, me racontait qu'il descendait d'un roi fainéant, donc un Mérovingien ! J'ignore si c'est vrai, mais l'anecdote est amusante. Dans ce deuxième disque on retrouve Andreu, Ramadolf (Winkler), Ateba, Le Vallégant, Le Strat, Le Doré, le percussionniste Kilikus, présents dans le précédent, mais le contrebassiste est Jean-Jacques Avenel, Sylvain Kassap est au ténor, Yebga Likoba ou Danièle Dumas au soprano. La musique bretonne gagne du terrain ! Avec Tusques c'était la première fois qu'elle se mêlait au jazz.
Lequel préférer ? Les deux font la paire. On en redemande forcément quand le bras du pick-up se lève ou que le CD se tait. Il fait beau. Il y a du soleil. C'est l'été. Je fais semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais, de toute façon, quel que soit le sens du vent, il faut toujours danser, chanter, se révolter, ne jamais baisser les bras, ensemble. C'est le sens de toute la musique de François Tusques.

→ Intercommunal Free Dance Music Orchestra, L'inter communal, Label Souffle Continu, LP 25€ / CD 12€ / numérique 7,90€
→ Intercommunal Free Dance Music Orchestra, Le musichien, Label Souffle Continu, LP 25€ / CD 12€ / numérique 7,90€