Lorsque je prends des photos je vais souvent au plus vite pour ne pas perdre l'intention initiale. Sans prendre le temps de chausser mes lunettes, je cadre à peu près en espérant que ça colle. Il est toujours possible de recadrer, même si mes meilleures images ne l'ont pas justifié. Et puis l'écran de mon smartphone est riquiqui comme sur tous ces trucs de poche qui ont supplanté les appareils photo chez les amateurs. C'est un peu comme lorsque j'improvise, j'enregistre, mais je ne connaîtrai objectivement le résultat qu'à la lecture.
Hier après-midi je me promenais donc dans le Jardin des Plantes près de la gare de Nantes lorsqu'Eliott a voulu voir la mare aux grenouilles. Comme celles-ci semblaient cachées, nous nous sommes penchés sur les nénuphars qui venaient d'éclore. Juste avant de nous diriger vers Dépodépo, le jardin créé par l'illustrateur Claude Ponti, où Eliott rêvait d'aller se cacher dans les pots de fleurs géants, j'ai cherché à photographier une fleur plein pot sans me rendre compte qu'une grenouille était dans le champ. Ce sont les amies à qui je l'ai fait suivre qui l'ont instantanément remarquée. En fait, s'il l'on faisait bien attention on en découvrait d'autres camouflées parmi les feuilles en forme de cœur. Comme elles étaient trop loin pour qu'on les embrasse (on ne sait jamais), Eliott tenta de leur cracher dessus, sans succès. Elles ne bougèrent pas d'un cil. Nous les avons laissées à leur bain de soleil pour admirer L'homme de bois de Fabrice Hyber, un géant d'où coule de l'eau par tous les orifices (tous, on vous dit, même si les guides en évitent soigneusement le détail) et qui devrait se végétaliser ainsi d'ici septembre grâce aux mousses et fougères que l'humidité favorise. Il fait partie du Voyage à Nantes, des installations contemporaines et des expositions comme celle de Pierrick Sorin qui sont présentées jusqu'au 8 septembre et que l'on peut rencontrer en suivant une ligne verte peinte sur les trottoirs de la ville. Certaines deviendront pérennes.
Nous sommes rentrés à Indre où Will Guthrie présentait le travail de ses élèves batteurs et joueurs de gamelan dans un jardin près du port. Il était temps que je regagne mes pénates pour préparer le grand départ.