Cuzco est notre cinquième étape et non des moindres. Nous avons loué pour la semaine un studio avec une vue imprenable sur la ville. Entièrement vitrée, la maison offre un panorama incroyable, car nous sommes tout en haut, même très haut, puisque Sacsayhuamán est juste derrière nous, légèrement au-dessus, ce que nous ressentirons fortement lorsqu'il s'agira de visiter cet impressionnant site inca, situé à 3700 mètres d'altitude. Les murs en zigzag de la forteresse (planche 56 des aventures de Tintin), également centre religieux dédié au Soleil et à d'autres dieux, sont constitués de pierres gigantesques dont on peut s'interroger sur comment elles sont arrivées là. Les blocs de calcaire, qui pèsent entre 120 et 200 tonnes chacun, sont assemblés sans lien entre eux. Le lieu est immense, hallucinant. Nous y montons en fin de journée pour profiter de l'absence de touristes, mais tout au long du voyage nous serons surpris de nous retrouver en tout petit comité.


L'inconvénient, c'est que nous avons à grimper chaque fois que nous descendons au centre-ville, vers la Plaza de Armas, où trône la cathédrale. Heureusement le quartier San Blas n'est pas très loin de notre résidence. Le coin est charmant avec ses ruelles pavées de galets, découpées en leur centre par un profond caniveau, bordées de vieux murs de pierre incas.


Deuxième inconvénient auquel nous pensions échapper, le soroche, le mal des montagnes qui me terrassait déjà sur le lac Titikaka. Cuzco est à 3400 mètres. Difficulté de respirer, grosse fatigue.


Le matin nous descendons prendre un exquis petit déjeuner végétarien chez Qura avant de courir les magasins pour répondre aux désirs de la famille qui a pris ses quartiers d'été à L'île Tudy, Finistère sud, rituel d'autant plus justifié cette année que ma fille Elsa accouchera à Quimper le jour de notre retour. Merveilleuse nouvelle, la bambinette est née coiffée. En attendant, la perte d'appétit nous entraîne à sauter le dîner. Nous nous régalons le midi chez Greenpoint ou Pachapapa à San Blas. Le soir un empanadas ou rien du tout. Il faut dire que les nuits très très fraîches ne nous poussent pas à sortir lorsqu'elle est tombée. Par contre le jour, au soleil, on peut se promener en bras de chemise. Les maisons sont mal ou pas chauffées du tout, très mal isolées. L'air glacial passe entre les vitres coulissantes.


Je m'intéresse toujours aux petits détails qui peuvent en dire long sur les coutumes des peuples dont nous découvrons le pays. Par exemple, les douches sont dite "pluie", sans flexible, ce qui n'est vraiment pas pratique. La vétusté des canalisations interdit de jeter du papier dans les toilettes comme dans beaucoup de pays pauvres, mais on est loin de l'hygiène des douchettes des pays arabes ou de la casserole de ceux du sud-est asiatique. Comme ce détail peut surprendre sous ma plume, je précise qu'à la maison j'ai installé le système Boku, dit toilettes japonaises à la française. En voyage ces détails sont effectivement déterminants, un peu comme la tolérance à d'autres cuisines que la nôtre. Nous avons choisi de nous poser une semaine à Cuzco pour prendre le temps de visiter la Vallée Sacrée et l'une des sept merveilles du monde, Machu Picchu.