Nous sommes juste sous les 4000 mètres sur les sites de Chinchero, Morey, Maras, Ollantaytambo, Pisac, mais ce jour-là, coup de chance, je suis moins sensible à l'altitude. Nous avons heureusement choisi d'alterner un jour d'excursion avec un jour de repos. Façon de parler, car plus nous avançons, puis le soroche nous épuise dès que nous retournons à Cuzco. Le pire fut le pisco sour de Cicciolina dégusté avant un succulent steak d'alpaga. L'altitude multiplie par trois les effets de l'alcool dans mon sang, alors trois pisco sour, et je dois me tenir aux murs pour grimper jusqu'à notre havre de paix. En montant dans le minibus qui nous emmène dans la vallée, j'oublie ces expériences épuisantes.


Nous nous arrêtons d'abord à Chinchero. Une jeune femme file la laine de lama et je trouve finalement des gants à la taille d'Eliott.


Par terre d'autres femmes ramassent des pommes de terre noires qu'elles ont fait sécher au soleil pour les déshydrater.


Après les cultures en espaliers de l'époque inca à Morey, terrasses en restanques (murs de soutènement), terre fertile et canaux d'irrigation permettant de cultiver plus de 250 espèces de plantes, le spectacle des mines de sel de Maras est phénoménal.


Cela ressemble aux cuves des teinturiers marocains. En gigantesque. Ou à des tableaux de Hundertwasser ou Alechinsky. En fait de mines ce sont plutôt des marais salants qui datent de la période pré-inca. L'eau salée, du chlorure de sodium, qui coule de la montagne entre dans chaque cuve par un petit trou. Aujourd'hui, près de 800 familles sont organisées en coopérative pour gérer les 3 600 bassins produisant jusqu'à 200 tonnes annuelles de ce sel rose étonnant et délicieux, cousin de celui de l'Himalaya. Mais les autochtones ne peuvent pas se l'offrir et achètent leur sel bas de gamme en Bolivie. Pourtant cela ne coûte pas grand chose. Leur niveau de vie est évidemment très loin du nôtre.


Pour l'équivalent de 25 euros nous nous baladons ainsi en minibus toute la journée, déjeuner compris à Urubamba. À Ollantaytambo nous passons notre tour, trop fatigués pour emprunter les 435 marches et optons pour des glaces aux fruits exotiques locaux et au chocolat de Cuzco. Nous ratons la forteresse de porphyre rouge.


Arrivés après la fermeture de Pisac, nous réussissons tout de même à pénétrer dans ce somptueux site archéologique grâce à l'astucieux Richard, notre guide d'origine inca, aussi drôle que savant. Le spectacle réside autant dans les ruines que dans le paysage qu'elles surplombent. Nous rentrons à la nuit tombée. Il faut se souvenir qu'ici c'est l'hiver. Le soleil se couche vers 17h30.


Je ne résiste pas à courir après des alpagas pour envoyer leurs frimousses à mon petit-fils. Comme lamas très contents, ainsi nous au sec.