Voyager permet d'avoir un regard différent sur les gens et leur manière de vivre. C'est parfois cruel ou déstabilisant. Je me souviens de ma fille, petite, nous demandant de partir en vacances pour une fois dans un pays "pas pauvre". La comparaison peut paraître douteuse, tant pis, mais de même que les zoos sont des lieux paradoxaux si l'on aime les animaux, permettant d'appréhender d'autres réalités que sa quotidienneté, visiter des pays très différents du nôtre permet de changer de point de vue, et, en ce qui nous concerne, de se rendre compte du paradis où nous avons malgré tout la chance de grandir.
Passé cette considération qui mériterait d'être creusée sérieusement, de chaque voyage on tire des enseignements très variés, certains bouleversants, d'autres plus anecdotiques. Par exemple, notre récent périple au Pérou m'a fait m'interroger une fois de plus sur la violence de l'humanité à la lueur de l'histoire du pays, sur la différence entre la capitale essentiellement habitée par des blancs (peut-on encore s'exprimer ainsi ?) et le reste du pays par les descendants des Incas et des peuples qui les ont précédés, ou sur le poumon vert de l'Amazonie. J'ai évidemment été saisi par le silence de cette forêt immense, troublé par les climats extrêmes du pays, et séduit de retrouver sur les hauts plateaux d'autres rêves d'enfance liés à la lecture des aventures de Tintin. J'en ai aussi rapporté la recette du ceviche et du pisco sour, apprécié la finesse délicate de la laine d'alpaga, et la visite du Musée d'Arts de Lima, le MALI, m'a fait craquer pour un fauteuil Spun, puisque je reste un pur produit de la société de consommation malgré mes rebuffades.


De m'y être balancé pendant une demi-heure, de m'y être reposé tranquillement ou de m'être renversé brusquement sans jamais tomber, m'a donné envie d'en acquérir un pour le jardin. Il pourrait aussi bien investir la maison, mais il demande tout de même un peu d'espace. Création de l'artiste et designer anglais Thomas Heatherwick, éditée par la marque design italienne Magis, Spun est une toupie géante en polyéthylène moulé par rotation, aussi ludique que confortable.


Je l'ai commandé rouge, d'une part parce que j'ai trouvé un site moins cher, d'autre part parce que la maison explose de couleurs, même si le bleu de la façade sud s'est beaucoup affadi au soleil. Ce fauteuil donne une irrépressible envie de l'essayer, certes avec un peu d'appréhension au départ, mais vite domptée dès que l'on s'y love.