Je sors le vinyle de sa pochette. Il est doré et pas seulement sur tranche, les deux faces sont dorées, dorées et tâchées. Cela me fait plaisir d'entendre du rock improvisé qui montre une fois de plus que l'improvisation n'est pas un genre, mais une manière de vivre, et le plus court chemin entre la composition et l'interprétation. Depuis que Francis Gorgé, avec qui j'ai fait mon premier concert et qui revient aujourd'hui par la fenêtre, a quitté le Drame, Hervé Legeay vient me prêter main forte dès que j'ai besoin d'un guitariste tous terrains. J'ai adoré jouer avec Philippe Deschepper, Julien Desprez, Hasse Poulsen, Christelle Séry, Gilles Coronado, David Fenech, Isabel Sörling, Tatiana Paris, mais Hervé incarne pour moi le rock (quand il ne fait pas le manouche).


Dans Le Gippiz il retrouve Stef Sanseverino qui nous raconte des histoires et joue de la guitare barytone, et le batteur Jean Hanela, passé par Trust. Tous les trois se lancent sans filet, sauf Sanseverino qui a concocté une sorte de spoken word d'anecdotes savoureuses comme on en lit tous les jours à la rubrique des chiens écrasés. Pas d'arrangements, pas de répétitions, du brut de brut entre potes qui retrouvent la folie de leurs jeunes années. Fondé en 2018, les trois compères ont enregistré live The Yiddish Ralouf love album il y a cinq ans, et ils continuent à improviser sur scène dans la tradition des instrumentaux rock des années 70, riffs lourds et répétitifs, envols des solos, excitation maximale... Les titres reflètent les textes de Sanseverino dont on connaît la verve et la morve rebelles : L'affaire suivante, Les 3 fois où j'ai été vexé, Roger Fritz dit "Schultz", On est là pour vous emmerder, On n'a pas un commerce quand on n'aime pas les gens, On ne parle que des vainqueurs, Vous aimez les nains et les clowns ?, pour finir avec So You Think You're a Cowboy de Willie Nelson. Évidemment ça se joue bien fort, alors mon nouvel ampli leur rend hommage.

→ Le Gippiz, The Yiddish Ralouf love album, LP ou CD Label d'à côté