Face au marché du disque en récession depuis 30 ans, sur le Net la plateforme Bandcamp représente une alternative efficace, voire vertueuse (à prendre avec des pincettes depuis son rachat par Songtradr), pour les producteurs indépendants. Simple à utiliser par eux comme pour les consommateurs, elle rétribue les achats au jour le jour, moyennant évidemment un pourcentage, nettement plus avantageux que le traditionnel circuit distribution-diffusion (soit 82% aux artistes, et même 93% les vendredis). On peut y écouter librement les albums ou une partie des titres et décider ou pas de l’achat, dématérialisé ou physique. Les formats vendus sont mp3, FLAC, AAC, Ogg, ALAC, WAV, AIFF à partir de 320 kb/s. Le label GRRR y a déposé 77 albums dont certains exclusivement dématérialisés. Titres avec la clarinettiste Hélène Duret et le pianiste Alexandre Saada, le plus récent de mes Apéros Labos, y est chroniqué...

BEST EXPERIMENTAL
The Best Experimental Music on Bandcamp, octobre 2024
par Marc Masters · 31 octobre 2024

On trouve toutes sortes de musiques expérimentales sur Bandcamp : free jazz, avant-rock, noise dense, électronique hors limites, folk déconstruit, spoken word abstrait, et bien d'autres encore. Si un artiste tente quelque chose de nouveau avec une forme établie ou invente complètement une nouvelle forme, il y a de fortes chances qu'il le fasse sur Bandcamp. Chaque mois, Marc Masters sélectionne quelques-unes des meilleures sorties de ce large spectre exploratoire. La sélection d'octobre comprend une promenade sonore dans un parc en Pologne, des improvisations basées sur des titres de livres français, de la musique jouée après les repas dans une arrière-cour du Massachusetts, et un compositeur vétéran combinant Morton Feldman et J. Dilla.

Birgé, Duret & Saada
Titres

À la mi-octobre, les musiciens français Jean-Jacques Birgé, Alexandre Saada et Hélène Duret se sont réunis dans un studio en présence d'un public et ont improvisé, demandant aux participants de proposer des thèmes basés sur des titres de livres. Les résultats ont été publiés sur Bandcamp le lendemain, sous le titre Titres, avec sept pistes de conversation musicale respectueuse mais active. Le clavier et l'électronique de Birgé fournissent une richesse de textures, y compris un rythme de danse sous-marin au début de « París no se acaba nunca », tandis que Saada et Duret ajoutent des clusters de notes chargés qui tendent vers le jazz mais ne sont pas contraints par le genre. Le jeu de piano de Saada est particulièrement expressif, trouvant des moments tranchants à l'intérieur de rythmes haletants, tandis que la clarinette basse de Duret maintient le trio sur terre même lorsqu'il semble vouloir s'envoler. D'autres instruments - guitare, trompette à anche, boîtes à musique - entrent et sortent du mélange, sans jamais surcharger.