L'art brut à Lausanne
Par Jean-Jacques Birgé, mardi 5 novembre 2024 à 07:42 :: Expositions :: #5737 :: rss
Je me rends compte que j'ai choisi quatre œuvres très colorées, mais il en est d'autres plus sombres ou monochromes. Après notre concert au MEG à Genève, rejoindre Lausanne représentait un saut de puce autour du lac Léman. Visiter les collections de l'Art Brut au Château de Beaulieu était simplement indispensable. Dubuffet avait fait la mauvaise tête face aux propositions du Musée d'Art Moderne et du Centre Pompidou malgré tous leurs efforts. Il avait donc choisi le Musée des Arts Décoratifs pour ses œuvres et Lausanne pour sa collection d'art brut ! Depuis, les acquisitions se sont multipliées. Je pense que j'y suis devenu sensible grâce au travail du commissaire Jean-Hubert Martin pour Les Magiciens de la Terre en 1989. Vingt-sept ans plus tard, j'aurai la chance de sonoriser son exposition Carambolages au Grand Palais.
Les œuvres s'étalent sur quatre niveaux. Je note que la plupart des artistes exposés ont souffert d'absence du père, parfois carrément orphelins. Nombreuses sont les femmes qui ont trouvé un exutoire dans la création. Tous et toutes rêvaient... Ou cauchemardaient. Ils ont parfois été internés psychiatriquement, sinon vivaient reclus. Certain/e/s n'avaient aucune ambition artistique, d'autres se prenaient pour des génies. Tous et toutes ont développé un monde à part, en marge des institutions culturelles, sans référence aux courants passés et surtout modernes.
Les quatre photographies des œuvres ci-dessus sont de Willem Van Genk (fasciné par les métros et les autobus), Adolf Wölfli (qui dessina, écrivit et composa de la musique), Angelo Meani (masques à partir de vaisselle cassée mis à sa disposition par les grands magasins) et Paul Amar (tableaux en trois dimensions à partir de coquillages qu'il a dégustés avec son épouse).
Mais j'ai été autant fasciné par les masques en céramique de Stanislaw Zagajewski, ou ceux de Pascal-Désir Maisonneuve à partir de coquillages glanés dans les marchés aux puces, les magnifiques et sombres photocollages de Valentin Simankov, les monstres de Josep Baqué rappelant énormément Léopold Chauveau ou Claude Ponti, les sculptures en bois d'animaux grandeur nature d'Eugenio Santoro, les enveloppes peintes de Marie Morel, les portraits incisifs d'Alain Arnéodo, etc. Le musée compte aujourd’hui plus de 70000 œuvres de 1000 autrices et auteurs, mais seulement 700 sont présentées dans les salles du Château de Beaulieu.
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