La vie, ce qu'il en reste
Par Jean-Jacques Birgé, lundi 25 novembre 2024 à 00:15 :: Humeurs & opinions :: #5747 :: rss
Si les fakes générés par l'intelligence artificielle abondent sur le Net, proposant des images incroyables, elles peuvent faire rêver parfois aussi bien que les merveilles réelles de la nature ou les créations humaines. Que tel oiseau existe ou pas, nous n'aurons de toute manière aucune chance de le croiser. S'il est mis en ligne, offert à l'ébahissement du public, qu'importe qu'il soit vrai ou faux, né de l'imagination d'un fantaisiste falsificateur. Il rappelle les tours de magie auxquels peuvent croire certains naïfs, les veinards ! Les fakes sont alors de l'ordre de la prestidigitation.
Évidemment ce n'est plus du tout amusant lorsqu'il s'agit de manipulation médiatique, en particulier lorsque cela touche à la vie politique. Plus personne ne pourra croire quoi que ce soit. À moins que la majorité des peuples, perdue dans ce maelström d'informations assourdissantes, se replie encore un peu plus vers des croyances religieuses ou transhumanistes qui tiennent tout d'un dangereux surréalisme de bénitier. La Terre pourra être plate, la Vierge accouchera d'un prophète, les écritures deviendront le saint des saints, la paranoïa multipliera les crimes contre l'humanité et le profit contre toutes les autres espèces. Ainsi, si l'IA m'apparaît comme un outil formidable dans le cadre de la fiction, elle devient une arme redoutable dans le réel. Peut-être est-elle à double tranchant ? Les scénarios les plus improbables sont à craindre. Il y a quelque temps j'évoquais IA le monstre, son utilisation par l'artiste irlandaise Jennifer Walshe ou la mise à mort boomerang de l'IA astucieusement réalisée par un ingénieur facétieux.
Pour en revenir aux images séduisantes sur les réseaux sociaux, dans le même temps, de récents robots les colonisent avec des sujets dont nous n'avons rien à faire, phagocytant par exemple mon mur FaceBook et noyant les articles qui m'intéressent au milieu d'un fatras de natures luxuriantes, d'architectures renversantes et autres billevesées me donnant forte envie de quitter ce lieu essentiellement utilisé professionnellement et que rien n'a pour l'instant réussi à remplacer, malgré sa programmation exécrable, sa censure automatique d'une absurdité consternante et son filtrage idéologique épouvantable. Je les bloque, mais j'en bloque tant que je finis par débloquer ! Les robots tuent le désir. Pour d'autres raisons, comme beaucoup de camarades, je ne publie plus rien sur Twitter, mis sous coupe réglée par Elon Musk, son propriétaire. Les "jeunes" ont élu Instagram, qui dépend de FaceBook comme Threads (les trois appartiennent à Meta, soit Zuckerberg). Je m'y débats avec le côté télégraphique des posts. J'allonge la sauce en terminant mes articles avec un "suite en commentaire". Comment taire ? D'autres l'ont souligné avant moi. Mon problème, c'est plutôt comment diffuser mes écrits (que certains jugeront utopiques) en respectant leur longueur nécessaire, et ce n'est pas Mastodon qui réglera la question. On peut s'énerver contre Wikipedia et ses contrôleurs incompétents abusant de leur petit pouvoir de censure, mais il reste un media participatif. Car pour la plupart des médias, nouveaux ou anciens, ce sont des milliardaires, des banquiers et des financiers qui mènent le jeu. Nous voilà bien ! Je repense au film La grande lessive de Jean-Pierre Mocky où Bourvil jouait un instituteur qui sabotait les antennes de télévision du quartier parce que cela abrutissait ses élèves...
Conclusion : dans ce monde de faux-semblants, si une chose est certaine c'est que la vraie vie est ailleurs.
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